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Lumière de l’Avent pour un temps de crise

Dans le mouvement social en cours, les catholiques sont sollicités : « Que dites-vous ? Que faites-vous ? ». Dans la vie politique, les chrétiens n’entreprennent pas habituellement d’action spécifique : ils sont citoyens, travailleurs, entrepreneurs, acteurs de la vie sociale, avec d’autres.  Pourtant, la pensée sociale de l’Église nous donne de quoi rechercher non seulement les moyens de vivre dignement mais aussi des raisons de vivre. Le temps de l’Avent nous donne quelques mots-clés et les attitudes qui vont avec.

 

« Restez éveillés » (Lc 21,35). C’est l’appel du premier dimanche de l’Avent. Ne pas s’endormir, ne pas se tenir à côté de la vie réelle de ceux qui peinent. Écouter, s’écouter les uns les autres, essayer de comprendre pour mieux se comprendre. Pour cela, l’Église a toujours souligné l’importance des corps intermédiaires, associations, syndicats, partis politiques, élus… Pour les croyants, cette vigilance est aussi celle de la prière, car la prière, qui nous met en présence de Dieu, nous rend aussi plus attentifs aux autres.

 

La justice comme chemin de la paix. « De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre. » (Isaïe 2,4) Dans ce texte prophétique, les faucilles et le soc évoquent le travail, mais nous assistons justement à l’exaspération de ceux qui voient stagner le fruit de leur travail tandis qu’augmentent les dividendes versés dans les grandes entreprises ou des salaires déjà très élevés. L’expérience de la précarité et le sentiment d’abandon rendent plus insupportables ces écarts vécus comme des injustices. Il n’y a pas de paix sans justice.

 

La sauvegarde de la création. La tentation est grande alors d’oublier les enjeux du climat, au risque d’un mépris des générations futures. Dès maintenant, ce sont les plus pauvres qui souffrent dans le monde du dérèglement climatique. Bien sûr, il faut du temps pour amorcer la « transition énergétique » et en partager les efforts de manière juste. Mais, par la voix du pape François, l’Église nous rappelle qu’on ne peut pas opposer justice sociale et respect de la création :  « Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature. » (Pape François Laudato Si §139).

 

Oui, fais Seigneur, que nous te servions, dans la justice et la sainteté, en ta présence, tout au long de nos jours. (Cantique de Zacharie)

 

Denis MOUTEL évêque de Saint-Brieuc et Tréguier