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La Passion de notre Seigneur Jésus-Christ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Arcabas, Saint-Hugues-de-Chartreuse, 1985

 

   Bernadette Soubirous, la petite Bernadette de Lourdes, disait préférer entendre la lecture de la passion de Notre Seigneur Jésus Christ plutôt que d’entendre les commentaires qui en étaient faits… Bonne sagesse !
Nous allons écouter le récit de la Passion, selon Saint Luc ce dimanche des Rameaux, selon Saint Jean, Vendredi Saint. Ce récit de l’Evangile de Jean, témoignage transmis « afin que vous croyez vous aussi », c’est avec émotion et reconnaissance que nous l’entendons.

 

Il nous est donné d’entendre l’Evangile, il nous est aussi donné d’entendre et de voir les œuvres des artistes que ce récit ont inspirés. Impossible ici d’énumérer combien de nos églises recèlent de vitraux évoquant la Passion, comme à Pleyben, Gouézec, Quéménéven, de statues de l’Ecce Homo ou de Pieta, comme à Locronan, de calvaires, Pleyben bien sûr, mais aussi Quilinen remis en valeur, ou encore Sainte Marie du Menez Hom, Lopérec ou Brasparts… Sans oublier les croix de procession et toutes les croix aux quatre vents des chemins.

Nous pouvons réentendre les œuvres musicales, liturgiques ou non, Passion selon Saint Matthieu, Passion selon Saint Jean de JS Bach, « Ar Bazion Vras - la Passion Celtique » de Christian Desbordes, ou chœur des moines de Landévennec

(Cliquer sur le texte souligné pour visualiser !)


Nous pouvons retourner aux écrivains et poètes qui laissent résonner dans nos oreilles et nos cœurs l’intensité de la foi dans la contemplation du Crucifié. Je citerai volontiers Xavier Grall, s’insurgeant contre le fait que le Christ de l’église de Saint Philibert en Trégunc soit suspendu sur le mur en absence de croix : « Et le Christ plane comme un oiseau blessé dans le vide de la nef. Mais la Croix, c’était notre matière. La Croix, c’était notre œuvre à nous, c’était notre crime. […] La Croix, c’était notre chêne, notre olivier, notre ramure sur le chemin, notre bourgade, l’allée de notre demeure, notre signe, l’atroce menuiserie de notre cruauté, mais c’était aussi notre salut, notre communion avec la chair pantelante de sang et de douleur, notre alliance avec le bon Dieu… » (L’Inconnu me dévore).
Deux œuvres de peinture sont particulièrement la source de ma contemplation : « Le Christ jaune » de Gauguin, d’une part, et cette toile d’Arcabas « Outrage à Jésus roi », qui illustre ce billet. En cliquant sur le lien associé à l’identification du tableau, vous pouvez accéder à un remarquable commentaire publié l’automne dernier dans le journal « La Croix ». J’ai eu la joie de contempler ce tableau dans l’église et musée de Saint Hugues de Chartreuse.

Les cinéphiles reviendront avec émotion à la contemplation de l’œuvre de Pasolini « L’Evangile selon Saint Matthieu », bien moins sanguinolant et complaisant en cruauté que d’autres films plus récents… Non un reportage historique, mais une mise en œuvre par l’image et la musique ouvrant à la reconnaissance et à l’adoration.

 

Bien d’autres artistes et créations pourraient être mentionnés, chacun selon sa sensibilité, sa disposition spirituelle peuvent y puiser ce qui nourrit la prière et la foi. Chaque fois, ils nous ramènent à ce récit premier chanté par la communauté des Philippiens :

 

Le Christ Jésus,
    ayant la condition de Dieu,
ne retint pas jalousement
le rang qui l’égalait à Dieu.

    Mais il s’est anéanti,
prenant la condition de serviteur,
devenant semblable aux hommes.

Reconnu homme à son aspect,
    il s’est abaissé,
devenant obéissant jusqu’à la mort,
et la mort de la croix.

    C’est pourquoi Dieu l’a exalté :
il l’a doté du Nom
qui est au-dessus de tout nom,

    afin qu’au nom de Jésus
tout genou fléchisse
au ciel, sur terre et aux enfers,

    et que toute langue proclame :
« Jésus Christ est Seigneur »
à la gloire de Dieu le Père.

 

Christian Le Borgne, curé