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"Détruisez ce Temple, je le rebâtirai en trois jours"

Nous étions sidérés par les images de la cathédrale Notre Dame de Paris en flammes, mardi soir ; devant nos écrans de télévision, nous avions mille difficultés à accepter cette réalité tragique, la disparition d’un trésor auquel nous sommes liés pour mille raisons.
Et cependant, nous ne sommes pas abattus. Tout d’abord, parce que grâce au travail admirable des pompiers, l’irréparable a été limité. Surtout, il n’y a pas de victime humaine !
Ensuite, parce qu’un élan de générosité, s’est très rapidement manifesté.

Le chantier de la cathédrale de Paris ne doit en rien occulter, mais au contraire souligner tout le travail accompli chez nous pour entretenir et restaurer nos églises et chapelles. Après Quilinnen en Landrévarzec et Saint Sébastien en Saint Ségal, c'est actuellement l’église de Pleyben qui va connaître deux années de travaux pour consolider la tour Saint Germain, alors que s’est achevée la restauration des vitraux et fenêtres sud. L’église de Lopérec est également en réfection des charpentes. A l’automne, c’est la chapelle Sainte Cécile à Briec qui va être l'objet d'un vaste chantier. Grand merci aux municipalités qui ont à cœur d’entretenir un tel patrimoine, aux associations qui se dévouent sans limite, aux donateurs et partenaires de la Fondation du Patrimoine

 

 

Hélas, les budgets et dons consacrés à ces travaux sont objets de polémique. Faut il être généreux pour « Notre Dame de Paris » en délaissant « les Misérables » ? Je pense à cette phrase du Christ, adressée à ceux qui critiquent le fait qu’une femme répande du parfum hors de prix sur ses pieds : « Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, et, quand vous le voulez, vous pouvez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. » ( Mc 14, 3-9).
Très vite apparaissaient également des messages, notamment du diocèse de Paris, rappelant cette autre Parole de Jésus « Détruisez ce temple, je le rebâtirai en trois jours » (Jn 2, 3-22).

 

C’est bien ce que nous célébrons en ces jours de Pâques.

 

Pour beaucoup, l’Eglise est une institution humaine, avec ses failles, ses faiblesses, ses scandales, son organisation trop cléricale, réunissant ses fidèles dans les diverses églises, de beaux monuments, trésors du passé, vouées à être de plus en plus désertées. D’ou les revendications de multiples associations à en faire un usage autre que celui auquel elles sont destinées.


Mais l’église, maison de pierre, de bois et de verre, est un lieu qui forme et informe ceux qui s’y rendent. Contemplant le porche de Saint Thégonnec, ou la Vierge Marie est en vis-à-vis de l’Archange Gabriel, je faisais remarquer à des pèlerins combien ils étaient souriant l’un et l’autre. L’un de ces pèlerins me demande : « Mais que font-ils ? » « Un petit Jésus ! » « Ohhh !!! ». C’est pourtant le mystère de toute église, enfanter le Corps du Christ, en convoquant et rassemblant le Peuple de Dieu, c’est l’origine du nom « ecclesia-église», en laissant retentir la Parole du Christ, en célébrant les sacrements, et tout particulièrement baptêmes et eucharistie. Dans l’action de l’Esprit, des hommes et des femmes deviennent le Corps du Christ, invités à être ce Corps au coeur de notre monde, Temple de l'Esprit, par qui l'activité humaine est sanctifiée.

 

Dans ma commune d’enfance, Primelin, les quatre évangélistes accueillent les pèlerins au pied de la tour de Saint Tugen, encadrant deux messagers de part et d’autre de la grande porte. Ils nous adressent les salutations suivantes « Ave Maria », d’une part, « Pax vobis » d’autre part. Nous avons là les deux salutations essentielles du mystère chrétien, l’annonce de l’incarnation du Fils de Dieu, et le message pascal du Ressuscité.


Corps sans cesse appelé à être incarné, purifié, corps martyrisé, vivant les souffrances de la Passion, nous sommes messagers de cette annonce Pascale. « La Paix soit avec vous ».


Christian Le Borgne, curé