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Quand vient le temps des pardons

Avec le mois de mai revient le temps des pardons. Les comités s’activent autour des chapelles, et la presse locale fait déjà écho des préparatifs ici ou là, comme pour ce dimanche, Saint Guénolé en Lopérec ou au Vieux Bourg de Lothey.
Mais c’est quoi un pardon, un pardon breton ?


Deux interventions de qualité ont suscité mon intérêt ces jours derniers, et je voudrais vous en faire écho.
La première, dont je rend compte dans les actualités paroissiales, de Pierre-Yves Le Priol, lors de la rencontre des animateurs de pardons de chapelles, à Saint Anne La Palud, samedi 27 avril.
La seconde, l’homélie de Mgr Jean Paul James, évêque de Nantes, à l’occasion du pardon de Saint Guénolé, le premier mai, à Landévennec.


« Pourquoi êtes vous venu ce matin, pour voir de beaux costumes, suivre une procession au son des cornemuses ? » Non ! Comme Saint Guénolé et ses disciples, vous êtes des chercheurs de Dieu… et comme y invite la vie chrétienne et la radicalité de la vie monastique, la quête de Dieu se vit dans la communion fraternelle. Un pardon est un temps de réconciliation, de solidarités renouées, de convivialité, de fête. Recherche de Dieu, recherche de vie fraternelle, Mgr James conjugue ces deux vocations, inscrites dans l'unique vocation baptismale, trouvant leur point culminant dans la célébration de l’eucharistie…

 

Plus pragmatique, Pierre-Yves Le Priol porte son regard sur les changements opérés depuis son enfance morbihannaise, dans les années 1950. Ces changements, vague de déchristianisation, nous en faisons le même constat chez nous aujourd’hui. Demeure l’enjeu de continuer à faire de nos chapelles et de nos pardons un lieu, un temps de ressourcement pour l’âme, que nous ne nous contentions pas de léguer des « coquilles vides », un patrimoine dénué de spiritualité.


Dans sa lettre pastorale distribuée à Pâques, « Proclamez l’Evangile à toutes la création », notre évêque reprend les propos de Mgr Fauvel, à l’occasion des vœux de l’année 1948 (c'est-à-dire vingt ans avant mai 68 !) : « Nous assistons à une fermentation profonde dans un monde bouleversé. Toute une société s’organise en dehors des cadres traditionnels… Le raz de marée de la déchristianisation qui a dévasté tant de diocèses fait sentir jusqu’ici ses remous. Un jour peut venir où les fervents seuls nous resteront fidèles ».

Cette vision prophétique de Mgr Fauvel décrit la réalité que nous vivons deux générations plus tard. Notre mission de baptisés, fervents restés fidèles, n’est pas de nous lamenter, de nous accuser mutuellement, la génération précédente ou celle qui suit, ou d’incriminer le monde qui nous entoure. Notre défi est de continuer le cours de l’évangélisation,  qui après avoir irrigué et même imbibé toutes les strates de la vie sociale et cuturelle, « est revenu dans son lit ». Le fait de le comprendre et de l’admettre, sans rêver d’un retour aux temps anciens, cela donne de la paix » écrit Pierre Yves Le Priol, en citant le curé de Lesneven.

 

 

. Revenir à la source, assoiffés de la Parole et de la vie du Christ, l'unique source, et partager entre frères le verre de l’amitié, n’est ce pas là le défi de nos pardons ? Comme le dit si bien Véronique Margron, dont je vous partageais les propos la semaine dernière, faire de nos chapelles, sous le patronage de Notre Dame, et des saints que nous vénérons, des lieux et des liens ; des lieux de réconfort, de paix, de réconciliation, des liens de fraternité, entre les personnes, les générations, les cultures. Permettre des lieux et des liens pour les chercheurs de Dieu, et les chercheurs d'humanité...

 

Christian le Borgne, curé