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Retour sur l'ordination épiscopale de Mgr Alain Guellec, Évêque auxiliaire de Montpellier

Retour sur l'ordination épiscopale de Mgr Alain Guellec, Évêque auxiliaire de Montpellier

 

Le dimanche 7 juillet 2019, en la cathédrale Saint-Pierre, Mgr Alain Guellec a été ordonné Évêque auxiliaire de Montpellier.

 

 

 

Présentation de Monseigneur Guellec aux diocésains de Montpellier par le père Stéphane Le Sonn :

 

Chers amis de l'Hérault, Monseigneur Alain Guellec que vous accueillez aujourd’hui, ne s'est jamais vraiment éloigné du Finistère. Sauf pour quelques années d'études, à Rome, au début de son ministère. Il va tout découvrir de ce qui fait votre vie, votre histoire, votre identité. Il va se faire l'un des vôtres. Il va passer, entre autres, de 1800 heures d’ensoleillement à 2828 heures en moyenne.

 

Pour découvrir plus en profondeur qui est celui que le pape vous envoie comme évêque auxiliaire, allez regarder simplement sa devise épiscopale qu’il tire du livre de Michée. Cette phrase dit bien qui il est : « Marche humblement avec ton Dieu ». De fait, c'est un homme discret, humble, mais qui, très jeune, a été saisi par le Christ, comme il aime à le rappeler en citant la rencontre de Philippe et de l'Eunuque au chapitre 8 des Actes : « Comment comprendrais-je, si personne ne me l'apprend ? ».

 

La Providence a permis que la formation soit au cœur de son ministère pendant presque 20 ans. Il a toujours voulu faire connaître le Christ à travers le service de la catéchèse, la formation permanente à la fois des laïcs, prêtres et diacres, enseignant au séminaire et aussi comme vicaire général. Il ne s'agit pas tant pour lui de transmettre un enseignement que d'ouvrir à la grâce de Dieu, de faire comprendre que le Christ nous saisit. Monseigneur Guellec a été de nombreuses années membre du conseil épiscopal puis vicaire général.  Il a pu acquérir une vision globale de l'Eglise, comprendre le fonctionnement des institutions, avec leurs richesses et aussi, parfois, leurs faiblesses.

 

Vous le découvrirez au fil des rencontres propres à son ministère. C’est un homme extrêmement attentif et un très grand travailleur. Vous allez apprendre à connaître un homme d'une grande richesse humaine et spirituelle. Vous le constaterez, il célèbre toujours avec beaucoup de cœur, Dieu qui nous fait vivre.

 

Maintenant, il quitte son Finistère natal. Il quitte l'Atlantique pour la Méditerranée. « Va, quitte ton pays » avait dit Dieu à Abraham. Monseigneur Guellec vient du bout du monde. St Guénolé en Penmarc’h, dans le diocèse de Quimper (en pays bigouden, je dis ça pour les puristes) est la pointe occidentale de la Bretagne. La plus à l'Ouest. En face, c'est le Canada ! Il vient d'un pays de marins. Nous sommes heureux que sa maman soit là avec nous cet après-midi. Sans doute a-t-elle dû penser : « Quand même, le pape aurait pu le nommer moins loin ! »

 

Son papa était charpentier de Marine, charpentier, un métier plutôt bien considéré dans notre Eglise. Je le dis pour rendre hommage à ses parents, mais aussi parce que cela vous donnera encore un trait de la personnalité de Monseigneur Guellec. L'artisan fait son métier avec soin, avec rigueur. C’est quasiment une passion, il ajuste, il écoute, il regarde, il discerne ce qui est le mieux pour transmettre le meilleur avec des idées claires et très argumentées.

 

Vous pourrez voir que Monseigneur Guellec est quelqu’un de profondément disponible, Il a le sens du service à chaque instant et, s’il peut vous donner un « coup de main », il le fera volontiers. Il a déjà commencé à faire connaissance avec votre diocèse. Il connaît l'Eglise, profondément. Il l'aime profondément.

 

Le pape François, s’adressant à de nouveaux évêques, leur parlait de la présence pastorale. Il leur disait : « Présence pastorale veut dire marcher avec le peuple de Dieu : marcher devant, en indiquant le chemin, en indiquant la voie ; marcher au milieu, pour le fortifier dans l’unité ; marcher derrière, soit pour que personne ne reste en arrière, mais surtout pour suivre le flair qu’a le peuple de Dieu pour trouver de nouvelles routes. Un évêque qui vit au milieu de ses fidèles à les oreilles ouvertes pour écouter « ce que l’Esprit dit aux Églises » (Ap 2,7) et la « voix des brebis » (Discours, 19 septembre 2013). N’y-a-t-il pas là un beau programme pour Monseigneur Guellec qui vous rejoint ?

 

Cher Alain, une nouvelle mission commence pour toi dans ce beau diocèse de Montpellier. Notre prière et notre affection t’accompagne.  Marche humblement avec ton Dieu.

 

 

 

Homélie de Mgr Pierre-Marie Carré :

 

La première chose qui est demandée à un évêque, c’est d’être un homme de foi. À la suite des Apôtres et de toutes celles et ceux que le Seigneur a appelés pour les envoyer en mission, comme ce fut le cas des 72 disciples dans l’évangile qui vient d’être proclamé, l’évêque est d’abord quelqu’un qui fait confiance au Christ : il peut dire : je sais en qui j’ai mis ma foi.
Nous venons de l’entendre, Jésus ne cache pas aux disciples ce qui les attend : la mission est lourde, très prenante car les ouvriers à la moisson ne sont pas assez nombreux. De plus, la mission est dangereuse, les envoyés sont comparés à des agneaux au milieu des loups. Jésus les envoie avec des indications sur la manière de répondre à ces défis. Il dit :
- Si la mission est trop lourde, ne cherchez pas à l’aménager, à vous rassurer en prenant les moyens du monde, mais priez le maître de la moisson. C’est lui, le patron ! Il sait bien les besoins qui se manifestent. Adressez-vous à lui avec insistance. Oui, frères et soeurs, prions à cette intention.
- Si la mission est dangereuse, n’y répondez pas en enfermant les agneaux, et encore moins en les rendant féroces comme des loups. C’est avec la seule force de la Parole de Dieu qu’ils accompliront leur mission.
Nous accueillons ce soir avec reconnaissance celui qui nous est envoyé au nom du Seigneur pour être associé à ma mission au sein de notre Eglise diocésaine. Avec lui, nous ferons route dans la confiance, portés par la force de l’Evangile.
Tout à l’heure, le geste qui accompagnera la prière d’ordination nous le montrera : le livre des Evangiles sera tenu ouvert au-dessus de notre frère Alain. Cela signifie que désormais sa vie et sa mission seront placées sous l’action de l’Evangile qu’il aura à annoncer, mais aussi à méditer sans cesse.
Le passage d’évangile insiste fortement sur la manière dont les disciples envoyés par Jésus devront se comporter : ils sont appelés à se faire proches de ceux auxquels ils sont envoyés. Le message à annoncer réside en peu de mots « le Royaume de Dieu s’est approché de vous ». Le comportement ne doit pas dire autre chose ou le contraire, mais être en parfaite harmonie avec ce qui est annoncé.
Nous mesurons aujourd’hui combien nous nous sentons démunis et faibles devant la mission qui nous attend. Nous accueillons avec joie un nouvel évêque avec son ardeur et son expérience, son désir de servir le Peuple de Dieu auquel il est envoyé. Un breton saura bien servir les languedociens, n’est-ce pas ?

L’évêque est particulièrement impliqué dans tout ce qui concerne la vie de l’Eglise. Sa mission ne se résume pas à l’animation des communautés existantes. Comme les envoyés de Jésus, il est conduit vers tous. C’est un ministère de relations qu’il doit exercer.
Les disciples ne sont pas envoyés seuls par Jésus, mais deux par deux. C’est par là que commence la mission. Il est indispensable que les deux envoyés se soutiennent, se stimulent, soient comme des frères animés d’une estime réciproque. Comment vivre une telle mission sans prière, sans partage réel ? Alain, il nous faut être ces envoyés assurant le même ministère dans notre diocèse !
Jésus présente à ses disciples ce qui peut leur arriver : ils pourront être bien reçus et leur prédication pourra être entendue. C’est d’ailleurs ce qu’ils rapportent à Jésus quand ils reviennent de mission. Mais ils pourront aussi n’être ni reçus ni entendus. Des tentations nous guettent dans l’une ou l’autre circonstance : celle de croire que le succès vient de nous. Jésus indique à ses disciples : « réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux ». Voilà la perspective qui compte : c’est pour le Seigneur que nous voulons agir. Il existe aussi une autre tentation, celle qui consiste à se décourager devant les échecs et les difficultés qui surviennent. Jésus déclare alors simplement qu’il faut poursuivre sa route, c’est-à-dire la mission.
Cher Alain, tous les évêques présents peuvent le dire : le ministère épiscopal est passionnant. Il est parfois pesant et il peut paraître crucifiant tant nous sommes pressés de faire connaître le Christ avec des moyens limités. Mais l’évêque est soutenu par la prière de son diocèse : ce n’est pas pour rien que le nom de l’évêque est cité lors de chaque prière eucharistique. Nous savons surtout que l’évêque tient sa force de la grâce de l’ordination épiscopale. Le Seigneur soutient du souffle de son Esprit celui à qui il confie une mission.
Qu’il soutienne notre frère Alain tout au long de son ministère ! Amen.

 

 

 

Dimanche 7 juillet 2019 - Message à la fin de l’Ordination

 

Chers amis, frères et sœurs dans le Christ.
Nous venons de vivre une célébration qui nous réjouit. Notre Eglise est belle et nous sommes heureux d’en être les membres dans la diversité et la complémentarité de nos vocations et de nos missions.
J’adresse mes remerciements à toutes les personnes qui ont contribué à préparer cette journée, à l’organiser sur différents plans et à faire en sorte que tout se déroule dans les meilleures conditions.
Les préparatifs minutieux et les actions conjuguées des uns et des autres ont contribué à faire de cette liturgie une proclamation lumineuse de la foi de l’Eglise. Que cette célébration aide ceux qui sont chrétiens à faire fructifier le trésor de la foi et ceux qui sont en recherche à poursuivre leur quête de la Vérité.
Merci à vous tous pour votre présence.
Permettez-moi de saluer en premier lieu les personnes qui viennent du Finistère ; du bout du monde, comme on dit en breton ou celles qui n’ont pu faire le déplacement et qui nous écoutent par le biais de RCF Finistère.
Sans pouvoir les nommer tous, je salue aussi tous ceux et celles qui au titre de l’amitié, ont fait une longue route pour venir jusqu’ici.
Je salue mesdames et messieurs les élus de la ville de Montpellier et du département de l’Hérault, de la région Occitanie-Pyrénées-Méditerranée, les représentants de la société civile, les membres du Corps consulaire et de la Gendarmerie nationale.
J’exprime également ma gratitude pour leur présence dans cette cathédrale aux responsables des autres Eglises chrétiennes et communautés ecclésiales, de même qu’aux représentants du culte israélite et du culte musulman.
Chers frères et soeurs de l’Hérault présents dans cette cathédrale ou à l’écoute de RCF Maguelone Hérault, j’entre maintenant dans votre histoire.
Une histoire marquée par les saints fondateurs de ce diocèse, par les bienheureux d’hier et d’aujourd’hui ; un diocèse façonné par le travail apostolique des évêques, des prêtres, des diacres, des personnes consacrées et par vous tous et toutes, fidèles du Christ qui formez le Peuple de Dieu appelé à la sainteté, appelé à rendre compte de l’espérance et de la foi en vrais missionnaires pour ce temps. Avec vous et pour vous, je prends ma place dans cette longue et riche histoire.
Ensemble, nous sommes convoqués à vivre l’Eglise comme communion de disciples, répondant à l’appel de Jésus, de nous aimer les uns et les autres et de nous laisser reconnaitre à notre amour mutuel.
Appelé par le pape François à entrer dans la succession des Apôtres dans le collège des évêques, me voici envoyé vers vous pour collaborer à la mission pastorale de Mgr Carré.
Monseigneur, vous avez été formateur de séminaristes. Vous aurez maintenant à former votre évêque auxiliaire pour que je puisse assumer le mieux possible la charge apostolique reçue dans cette ordination.
Votre présence, monsieur le cardinal Jean Zerbo, archevêque de Bamako, nous honore et témoigne des liens de jumelage qui unissent le diocèse de Montpellier avec ceux du Mali.
Merci aux évêques présents qui m’accueillez fraternellement parmi vous, au sein du collège apostolique par l’imposition des mains.
Un merci tout particulier aux deux évêques co-consécrateurs :
Mgr Laurent Dognin évêque de Quimper et Léon. Auprès de vous, j’ai pu être témoin des joies et des motifs d’action de grâce dans la vie d’un évêque, et aussi des croix que comporte la charge épiscopale. Mais les promesses du Seigneur ne se démentent pas. Avec vous et le diocèse de Quimper, soyons joyeux dans l’espérance, patients dans les épreuves et persévérants dans la prière.
Mgr Claude Azéma, qui aurez certainement à cœur de me faire découvrir les richesses et les particularités de ce diocèse de Montpellier, désormais le mien, que vous servez depuis tant d’années, comme prêtre et comme évêque.
J’exprime également ma gratitude à Mgr le Conseiller de la Nonciature à Paris. Vous transmettrez l’assurance de ma communion avec le Saint Père.
Très peu de temps après avoir reçu la nomination épiscopale se pose la question du choix d’une devise. Et c’est alors que me sont revenues en mémoire les paroles du prophète Michée. Dans un très beau passage, il rappelle au peuple d’Israël ce que Dieu attend de lui.
Le message du prophète nous dit en termes très simples ce que doit être notre relation à Dieu : « On t’a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que le Seigneur attend de toi : rien d’autre que d’accomplir la justice, d’aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu ».
C’est la dernière partie de la phrase que je retiens : Marche humblement avec ton Dieu.
Je la reçois d’abord comme un appel à endosser la charge et les insignes épiscopaux dans l’humilité du service et dans la tenue du serviteur.
La parole de l’homme de Dieu résonne au coeur de l’Eglise et l’appelle à la conversion. On parle souvent de réforme dans l’Eglise, mais la véritable réforme que Dieu attend, c’est d’abord notre conversion personnelle à vivre sous le signe du service et du don de soi pour que grandisse la sainteté en tous les membres de l’Eglise.
Conversion de notre être tout entier pour nous tenir en vérité devant le Seigneur et pour être toujours mieux ajustés à sa volonté.
Conversion de chacun pour que l’Eglise soit une famille où nos diverses sensibilités ne deviennent pas un mur, mais une invitation à découvrir ce que le Seigneur réalise dans le cœur de l’autre et pour savoir en rendre grâce. 
Si l’homme ne connait pas la vérité, s’il ne sait pas qui il est lui-même, et pourquoi il est sur terre, alors il ne peut que marcher à tâtons dans l’obscurité.
Laissons-nous guider par le Seigneur sur le chemin qu’il a choisi, en nous remettant totalement à Lui, dans la confiance, à l’image des deux pèlerins d’Emmaüs conduits par le Ressuscité.
L’humilité dont parle le prophète Michée n’écrase pas. Marcher humblement, ce n’est donc pas marcher la tête basse, avec un visage éteint. Bien au contraire, l’humilité ici va de pair avec la conscience de la grandeur à laquelle Dieu nous appelle.
L’évêque est consacré et envoyé pour guider le peuple de Dieu sur les sentiers du temps dans son pèlerinage vers l’éternité.
Confions notre Eglise en pèlerinage à Marie notre Mère du Ciel, chère au cœur des habitants de Montpellier sous le vocable de Notre-Dame des Tables. Marie nous conduit à Jésus. Elle est l’humble servante qui nous apprend la docilité à l’Esprit Saint. Nous la prions : Je vous salue Marie…

 

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