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Confirmation

Confirmation... Un des sept sacrements de l'Eglise, sujet à de multiples mutations dans notre histoire récente : demeure chez beaucoup le souvenir de la "gifle" reçue de l'évêque, qui n'est plus en usage aujourd'hui !

Un adulte et quinze jeunes d'âge collège vont recevoir ce sacrement dimanche, en même temps, ce qui manifeste qu'il n'y a pas d'âge particulier, ni pour le baptême, ni pour la confirmation. 

Au tout début de la propagation du christianisme, c'est à dire jusqu'à la fin du quatrième siècle, seuls les évêques baptisaient. Face à l'augmentation des communautés, ils se sont vus dans l'obligation de conférer ce ministère aux "presbytres", devenus alors curés. Mais les évêques, pour marquer la communion de ces nouveaux baptisés avec eux et toute l'Eglise, s'obligeaient à "cosigner", confirmer ce baptême célébré par un de leurs prêtres. De là vient la "confirmation", devenue autonome du baptême, et de l'eucharistie.
C'est ainsi, que je me souviens avoir été confirmé par Mgr Favé (an Aotrou Eskop Vicent Favé !)... en mai 1968 ! La confirmation était alors célébrée tous les quatre ans, pour la tranche d'âge des enfants de 8 à 12 ans, sans célébration de l'eucharistie.

Dans le mouvement de la réforme de la pastorale liturgique, mise en oeuvre par le Concile Vatican II, s'est posée la question pour les évêques de savoir quel était l'âge favorable pour célébrer ce sacrement. Les français ont opté pour une proposition à l'âge de l'adolescence, mais ce choix n'est pas irréversible. Il a pour défaut d'inverser le sens que l'on accorde au mot "Confirmation" : ce n'est pas en premier lieu le baptisé qui "confirme" sa foi, mais l'Eglise, par la personne de l'évêque ou de son délégué, qui le confirme dans cette foi. Particulièrement à l'âge de l'adolescence, où le jeune est en quête de repères, il est bon de le rappeler. La présence du parrain, ou de la marraine, assure un réconfort au moment où le nouveau confirmé reçoit l'onction d'huile parfumée, "le saint chrême", et du geste d'amitié, comme un adoubement, autrefois "la gifle reçue de l'évêque", un envoi en mission.
Un autre défaut apparaît dans cette proposition tardive, celui d'un "décrochage" qui s'opère entre le sacrement de la confirmation et celui de l'eucharistie. Dans la pratique ancienne du baptême des adultes, et ce qui demeure encore aujourd'hui, l'onction du Saint Chrême manifeste le don de l'Esprit Saint sur le nouveau baptisé, le disposant à célébrer et partager avec tous les membres le repas du Seigneur. Saint Augustin, dans une magnifique homélie (sermo 227), dit à peu près ceci : Vous avez été rassemblés comme des grains de blé, dans la préparation au baptême, vous avez été passés sous la meule et purifiés pour devenir une farine pure. Cela ne suffisait pas, vous avez été plongés dans l'eau pour former une seule pâte. Puis vous avez été passés au feu... qu'est ce que le feu, sinon l'Esprit Saint ? Vous êtes désormais comme un pain, pour faire corps avec le Christ. Devenez ce que vous recevez !

La réflexion aujourd'hui dans le diocèse, est de rapprocher, pour les jeunes, l'âge de la confirmation de celui de la première eucharistie, et surtout de souligner que la célébration de la profession de foi est une étape de transition vers le sacrement de la confirmation. C'est par le don de l'Esprit Saint qu'il est donné de vivre pleinement l'eucharistie. "Accorde à tous ceux qui vont partager ce pain et boire à cette coupe d'être rassemblés par l'Esprit Saint en un seul corps, pour qu'ils soient eux-mêmes dans le Christ une vivante offrande à la louange de ta gloire." (Prière eucharistique IV)

Célébrer le sacrement de la confirmation, réunis en paroisse, c'est manifester et aussi raviver ce don en Eglise. En accueillant et accompagnant ces frères et sœurs dans la foi, nous sommes "confirmés" dans cette mission : rassemblés par l'Esprit pour former un seul corps, pour vivre et témoigner de l'amour de Dieu en Christ au cœur de ce monde, dans l'adversité et les difficultés. Voilà ce qui nous remplit de joie, comme ce bateau, réalisé par les jeunes eux-mêmes en vue du rassemblement "Joyful". La voile gonflée par le souffle de l'Esprit, "leun a levenez hag a Spered Santel" (plein de joie et d'Esprit Saint Ac 13,52), nous sommes invités, contre vents et marées à prendre le large, à avancer en eaux profondes...

C'est au partage de cette joie que nous sommes tous invités ce dimanche avec les nouveaux confirmés ! A dimanche donc...

 

Christian Le Borgne, curé