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In Memoriam - Frère Ernest Kerfourn

Ouest-FrancePublié le 

 

ENTRETIEN. Hennebont. Frère Ernest Kerfourn : « On est plus heureux quand on partage ce bonheur »

 

Après vingt ans à Saint-Hervé, le frère Ernest Kerfourn fait ses bagages. Retour sur un itinéraire d’engagement et sur une personnalité qui aura beaucoup marqué les Hennebontais.

Après vingt ans à Saint-Hervé à Hennebont (Morbihan), le frère Ernest Kerfourn quitte les lieux. Ouest-France l'a rencontré.

Quelle fut votre formation ?

Ce fut d’abord la formation classique des Frères : le juvénat au Folgoët, des études secondaires à Ploërmel, une année de noviciat à Jersey, puis le scolasticat pour mes premiers vœux. De 1972 à 1975, j’ai passé une licence de Lettres modernes à la faculté de Brest.

Vous avez derrière vous une belle carrière d’enseignant

J’ai commencé à enseigner en 1967 à Châteauneuf-du-Faou, en CM2. Puis au juvénat de Châteaulin, de 1968 à 1970. Et plus tard, un poste de professeur au collège Saint-Stanislas de Saint-Renan. Directeur du juvénat de Châteaulin de 1978 à 1993, je gagne ensuite le collège et lycée de Saint-Louis, en tant que directeur.

Votre engagement pastoral a aussi beaucoup compté

Il s’est concrétisé par une année (1981-1982) à l’Institut supérieur de pédagogie catéchétique, à Paris. Après un an de transition à Rome, à Castelgondolfo, je fus chargé de l’animation pastorale et catéchétique au collège et lycée de Douarnenez.

En 2000, ce fut Bordères (Pyrénées) au service de la paroisse et de la catéchèse en collège. Arrivé à Hennebont en 2001, j’ai commencé par de l’animation pastorale au collège Saint-Félix, à Saint-Aubin (Languidic) et à Ker-Anna (Kervignac), tout en assurant l’aumônerie en établissement public.

En parallèle, j’ai œuvré à la paroisse d’Hennebont.

Enfin, à Vannes, j’ai fait partie de l’équipe des responsables diocésains de la pastorale.

Quels projets humanitaires avez-vous menés ?

J’ai eu à cœur de coordonner les actions, dans le cadre d’une structure nommée Passerelles.

Avec As de cœur, on a réussi à offrir quatre chien-guides d’aveugles, grâce aux randos hennebontaises et aux randos-motos du CLRA (Custom’n Low Riders association). Concernant les jeunes handicapés, des fonds pour l’achat de matériel ou pour des soins particuliers ont pu être obtenus grâce à l’opération Bel espoir pour Adrien. Ainsi que la campagne Rio verde en faveur du petit Joaquim. Les randos hennebontaises ont également permis d’aider Loisirs-pluriel de Quéven.

Le tiers-monde fait partie de cet engagement ?

De 1970 à 1972, j’ai travaillé en coopération, à Haïti. J’y avais la charge des scouts et, en collège, un gros chantier de construction de bâtiment. Depuis Hennebont, des projets ont été soutenus au Brésil, au Cambodge et au Cap Vert.

Et vous avez trouvé le temps d’être un « pélerin au long cours » !

Ce fut Châteaulin-Compostelle, soit 1 600 km avalés à raison de 40 km par jour, en 1982. Depuis Douarnenez, il y a eu le pèlerinage de Lourdes, de Chartres puis celui de Pontmain. Sans oublier le Tro-Breiz parcouru d’une trotte…

Quel est le fil rouge qui préside à tout ceci ?

Le désir de faire comprendre aux jeunes qu’on est plus heureux soi-même quand on partage ce bonheur. Bonheur qui est surmultiplié quand on offre un petit coin de ciel bleu.


  Le Télégramme  Publié le 06 décembre 2020

À Hennebont, de nombreuses réactions à l’annonce du décès de frère Ernest, l’âme de Saint-Hervé

« Homme d’action » engagé dans de nombreuses associations à Hennebont, il était l’âme de ce lieu emblématique qu’est la Maison Saint-Hervé. À peine trois mois après l’avoir quittée, à sa fermeture, frère Ernest est décédé.

 

 

La nouvelle est tombée ce dimanche matin, à Hennebont, venant assombrir cette journée dominicale ensoleillée. À peine trois mois après avoir quitté, avec les autres frères, la Maison Saint-Hervé, Ernest Kerfourn est décédé à l’âge de 75 ans. Il était hospitalisé depuis huit jours à Quimper après qu’on lui ait découvert un cancer.

Maison ouverte aux migrants, aux jeunes…

Frère Ernest aura marqué nombre de Hennebontais, croyants ou non. Il était à lui seul l’âme de ce lieu emblématique de la ville qu’est la Maison Saint-Hervé. Il y était arrivé en 2001, après une carrière d’enseignant. Il avait notamment été directeur du juvénat de Châteaulin de 1978 à 1993. Châteaulin qu’il avait retrouvée à la fermeture de Saint-Hervé en septembre dernier. Un départ accepté mais qui avait été une blessure tant frère Ernest faisait corps avec le lieu hennebontais depuis deux décennies. C’est lui qui avait ouvert la Maison Saint-Hervé au-delà des réunions de catéchèse, y accueillant notamment les associations de migrants, s’investissant pour le bon déroulé des camps de jeunes sur le site.

Homme discret, il aimait à « porter la lumière du Christ plutôt que d’attirer les projecteurs sur lui. Il était la tolérance même, croyant en l’Homme quelles que soient ses croyances », témoignent des proches. Solidarité exilés Hennebont se dit « effondré. Il nous avait accueillis à bras ouverts. Une coopération très efficace avec l’ensemble des frères ». L’association retiendra trois choses : « Son sourire, sa générosité et son hospitalité ».

« On hérite de son œuvre à travers le parc de Saint-Hervé »

Le maire d’Hennebont, André Hartereau, se dit extrêmement peiné de cette disparition. Il retiendra de frère Ernest « ses engagements nombreux dans les associations. Il était un homme d’action et de relation qu’il savait créer. Peu de mots lui suffisaient. C’était aussi un peu le père des migrants. Il était également très proche de l’association Loisirs pluriels.

On hérite aussi de son œuvre à travers le parc de Saint-Hervé dont nous comptons faire un espace public. Il y a fait un vrai travail de création et de conception dont vont pouvoir bénéficier tous les Hennebontais ».

D’aucuns émettent déjà l’idée que le parc porte à l’avenir son nom. « Le bonheur est surmultiplié quand on offre un petit coin de ciel bleu », aimait à déclarer frère Ernest. Pas de doute, il continuera, à travers sa mémoire, à faire briller un peu d’humanité chez tous ceux qui l’ont côtoyé.

Ses obsèques seront célébrées mercredi 9 décembre, à 10 h 30 à Châteaulin et à 15 h 30 à Ploërmel.

En complément
Prières et marche silencieuse mercredi

La paroisse d’Hennebont se déclare aussi très touchée par cette disparition. Ronan Graziana, le curé, annonce qu’en accord avec la municipalité, un temps de recueillement est prévu mercredi matin, à Hennebont, dans le parc de la Maison Saint-Hervé, au moment des obsèques de frère Ernest. Le rendez-vous se déroulera en deux temps afin de permettre à chacun d’y participer suivant sa sensibilité. À 10 h 30 aura lieu un moment de prière avec lecture des textes identiques à ceux choisis pour la célébration qui se tiendra à Châteaulin. Il sera suivi, à 11 h, par une marche silencieuse dans le parc en hommage à frère Ernest qui y a tant œuvré.