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"Ma royauté n’est pas de ce monde"

"Ma royauté n'est pas de ce monde" répond Jésus, ligoté, à Pilate, préfet de l'empereur "César".


Jésus est roi, nous l'affirmons. L'acrostiche "INRI", "Jesus de Nazareth Roi des Juifs", sur nos crucifix, l'affirme bien ! Mais la manifestation de sa royauté remet en cause toute les royautés assumées "à la manière de ce monde".


Nous l'avons entendu, l'un de ces derniers dimanches :

« Vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir.

Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur"

 

Reconnaître le Christ comme roi, c'est reconnaître et accueillir le Royaume qu'il a annoncé et inauguré, un royaume accordé aux pauvres, comme il l'a proclamé dans le message des béatitudes.
Reconnaître le Christ comme roi, c'est accepter avec lui de servir, au lieu d'être servi.
Reconnaître le Christ comme roi, c'est attendre avec courage et patience, et aussi de manière active, la venue de ce royaume, particulièrement dans ce service des plus petits et des plus pauvres.

Cette conception de la royauté n'est pas celle du monde, un monde où royauté rime avec mondanité. Le monde, selon l'évangile de Jean, est ce lieu où "le Verbe, la vraie lumière, qui en venant dans le monde, illumine tout homme... et le monde ne l'a pas reconnu". 

Aveuglé par sa vanité, le monde ne peut reconnaître le royaume tel que Dieu l'envisage.

 

C'est bien là l'incompréhension dans le dialogue entre Pilate et Jésus. Au terme d'un dialogue de sourd, de manière dubitative, à Jésus qui se présente en témoin de la vérité, Pilate demande, "Qu'est-ce que la vérité ?"

 

Pour un romain, la vérité est un critère juridique : cet homme est coupable ou innocent. Je le condamne ou je le relâche...

Pour un grec, la vérité est un concept philosophique, fruit d'une réflexion de sagesse et d'intelligence, d'un travail de connaissance, afin de comprendre la réalité cachée d'un monde fait d'apparences trompeuses.
Pour un juif, la vérité, c'est l'engagement vrai et radical à l'écoute de Dieu et de sa volonté. Le mot se dit en hébreu "AMEN", reconnaissance et adhésion sans limite à l'initiative de Dieu.

 

Chaque fois que nous prions le Notre Père, nous disons, avec le Christ "Que ton règne vienne". Et nous finissons cette prière par ce mot, "amen".

Sommes nous réellement vrais, en le disant ? Nos paroles sont-elles au diapason de notre volonté, de notre désir ?

L'une des manières de vérifier, en Eglise, ce désir de répondre à la volonté du Père, de vivre avec le Christ dans l'espérance de la venue de son royaume, n'est-elle pas dans le service des frères ?
Le Secours Catholique est l'un de ces services, en Eglise qui est  comme "sacrement" de la royauté du Christ. Il donne à voir, il réalise la compassion de Dieu pour les femmes et les hommes. Il donne à voir et réalise la fraternité, dans l'accueil, l'écoute et le réconfort.

 

Lors de notre récent pèlerinage à Lourdes, les jeunes et leurs accompagnateurs, ainsi que le pèlerinage "espérance", étions accueillis à la Citée Saint Pierre, tenue et animée par le Secours catholique. Un lieu ou chacun se sent accueilli et respecté, et un lieu qui incite à l'accueil et au respect mutuel. Un lieu où les services sont partagés, comme les grands jeunes en ont fait l'expérience, par le service de la table. Un lieu qui nous plonge dans la réalité première de Lourdes, où le message de miséricorde nous est donné par une petite jeune fille de condition plus que modeste, maladive, Bernadette.

 

Ce n'est ni du misérabilisme, ni une forme dévoyée et caricaturale du mot "charité", mais bien, en vérité, l'accueil de la Parole du Christ : "Celui qui veux devenir grand parmi vous, sera votre serviteur".

 

Pour rappel, les appels à bénévoles pour conforter les équipes locales du Secours Catholique sont restées à ce jour sans réponse ! 

 

Christian Le Borgne, curé