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Bonne année !

"Donne à tes fidèles, Dieu tout-puissant, la volonté d'aller par les chemins de la justice à la rencontre de celui qui vient, le Christ..."

La traduction nouvelle n'est pas fondamentalement éloignée de la précédente... Déjà, un effort avait été fourni dans la première version francophone, afin de garder la saveur des oraisons du temps de l'avent. 

Tout comme la nouvelle traduction des lectures bibliques, la version francophone du missel romain, dans sa troisième version, est le fruit d'un travail en commission de personnes complémentaires dans leurs approches linguistiques, théologiques, et liturgiques.

Pourquoi une nouvelle traduction ? Trois motifs, rappelés par le pape François, ont guidé le travail de la commission chargée de la mise à jour, près de cinquante années après la réception de la première édition en langue française.
Le premier motif est la fidélité au texte original de la version de référence, le texte latin.

La prière de la liturgie est formulée selon la foi de l'Eglise, fruit d'un long héritage. Plus encore, elle est formulation explicite de cette foi. Pas plus que l'on ne peut modifier le Notre Père ou le Credo sans mettre en péril la communion avec les autres chrétiens, on ne peut faire du fruit de sa propre oraison la parole commune d'une assemblée, dans sa prière commune, en dehors bien sur, de la Prière Universelle, adaptation permanente aux lieux et circonstances.

 

La seconde fidélité est celle que l'on doit au respect de la langue. Comme la composition d'un bouquet de fleurs, les langage, dans le choix des mots et des phrases, et aussi la poésie et les musiques des termes entre eux, demandent respect et savoir faire.

Respecter la diversité des langues, c'est respecter la volonté de Dieu, le souffle de Pentecôte  qui se donne dans le secret des cœurs : "Chacun de nous entend proclamer les merveilles de Dieu dans sa langue maternelle". 

 

La troisième fidélité, est précisément celle due aux auditeurs. Que chacun puisse accueillir, et donc puisse entendre et comprendre. Que chacun entre naturellement en prière, sans devoir faire au préalable un exercice intellectuel de compréhension, quand le souffle de la prière est retenu par un jargon incompréhensible. Si les pères de la réforme liturgique ont voulu que les chrétiens puissent entendre dans leur langue maternelle, ("vernaculaire" signifie "de la maison", mais pour vous comme pour moi, c'est un mot "savant "!), c'est pour que la prière officielle de l'Eglise, celle que l'on entend et à laquelle on répond, tout comme la Parole de Dieu, qu'il s'agisse des prophètes, des psaumes, et bien sur de l'Evangile, que ces mots gravés dans la mémoire du cœur deviennent la source de la prière personnelle. Ce qui est compliqué, alambiqué, idéologique, ou au contraire mièvre et insipide ne peut nourrir la mémoire du cœur, et donc la prière personnelle. Les mots de la foi doivent être "ruminés" ; pour cela, ils requièrent plus de consistance que la "barba papa" ou la guimauve des fêtes foraines...  

 

Ce missel romain, dans sa troisième version depuis la mise en oeuvre de la réforme liturgique, répond à cette triple exigence. Tout au long des célébrations, nous aurons à découvrir ce cadeau qui nous est fait. Ce peut être aussi un travail intellectuel dans l'intelligence de la foi, si vous avez conservé vos "missels du dimanche" des années passées, de voir les modifications dans les traductions, et la nouveauté introduite dans la perception du mystère célébré...

 

Les acclamations et réponds de l'assemblée ont été quelque peu modifiées. Il va falloir s'y habituer !

Surtout, il va falloir accepter de se défaire de toutes ces acclamations que l'on chante en lieu et place des acclamations rituelles. Abandonner notamment, ces dimanches qui viennent, de ce qui est perçu comme un "ordinaire de l'avent", "à la page 897". Je sais que l'incompréhension est grande à ce sujet, vu que  l'on a toujours fait comme ça !", le cas présent depuis vingt ans (suppléments 2001-2002) ! Je l'assume d'autant plus, que j'étais responsable du Service de Liturgie quand ce répertoire à été introduit. mais il faut savoir revenir sur ses pas quand l'on s'aperçoit que l'on a fait fausse route...


Pourquoi  fausse route ? Un Kyrie ne se chante pas sur le même air que le Sanctus, ni que l'Agnus Dei... Essayer sur cet "Ordinaire de la messe de l'Avent" de chanter la Marseillaise ;  ça marche, le nombre de pieds y est, mais ce n'est plus une Marseillaise ! 
Ceci pour la musique. Voyons pour les paroles maintenant.
Est-il nécessaire que l'animateur dise à quelle page est le Notre Père ? Non ! Tous ceux qui viennent de manière régulière le dimanche connaissent par cœur cette prière reçue du Seigneur ... Les autres, qu'ils écoutent, et si les mots les touchent, à leur tour, ils s'étonneront de le dire, eux aussi, le jour venu, à voix haute, avec l'assemblée. Et si cette prière est chantée, qu'elle le soit sur un autre air qu'une chanson enfantine américaine "In the farm of MacDonald", prétendue d'origine burkinabaise.
Il en va de même pour l'ensemble des acclamations liturgiques ! elles portent en elle l'héritage de vingt siècles de communautés priantes. Elles ont pour origine les mots même de la Bible. Le Kyrie reprend la supplication des lépreux, de l'aveugle Bartimée, suppliant le Christ d'être purifiés, illuminés. Le Gloire à Dieu, que nous chanterons dans la nuit de Noêl, est l'acclamation des Anges, proclamation de la gloire de Dieu et de la paix annoncée aux hommes. La sainteté de Dieu proclamée par trois fois, comme dans la liturgie juive, "Saint, Saint Saint le Seigneur" (Is 6,3), est reprise dans le livre de l'Apocalypse (Ap 4,2)  (et non "trois fois saint", ce qui ne veux strictement rien dire ! Un amoureux peut répéter, à l'envie, comme Johnny, "que je t'aime, que je t'aime", ça ne veut pas dire une fois, deux fois, trois fois !). "Béni soit celui qui vient" est l'acclamation de la foule lors de l'entrée de Jésus à Jérusalem (Mc 11,9). Quant à "l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde", la formule nous est donnée par Jean le Baptiste, désignant Jésus à ses disciples... 

 

Nous nous sommes habitués à des paraphrases, sans même nous apercevoir qu'elles sont plus ancrées dans nos habitudes que les acclamations légitimement indiquées. Alors, pour changer et innover, chantons ce qui est prévu ! Les paroles sont connues par cœur, en latin, en grec, en français ou en breton ; il n'y a, éventuellement, que de nouvelles mélodies à apprendre...
Puisque nous entrons dans une année nouvelle, prenons de bonnes et nouvelles résolutions ! En avent !

 

 

Christian Le Borgne, curé