
M. Rupnik, Jésus et Thomas, Chemin de joie,
Eglise catholique, Petit Saconnex, Genève (CH)
A la veille des vacances de Pâques, les jeunes de sixième, en marche vers la célébration de la profession de foi, se sont retrouvés avec les accompagnateurs d'aumôneries, au Juvénat, pour deux journées de récollection. A la suite de l'apôtre Pierre, ils ont cheminé sur le chemin chaotique de la foi.
Ce samedi, ces sont les enfants, en marche vers la première des communions, qui se retrouvent à Saint Jacques de Guiclan, dans une relecture du récit des disciples d'Emmaüs.
Après deux années difficiles, beaucoup de propositions étant annulées en raison de la situation sanitaire, nous retrouvons enfin la joie de vivre ces temps de formation, de prière, de partage.
Ce dimanche, huit jours après les belles célébrations pascales, c'est avec l'apôtre Thomas que nous sommes, nous mêmes, convoqués à l'expression de la foi.
Pauvre Thomas ! La tradition populaire en a fait le modèle de l'incrédulité : "Je suis comme Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois". Ce n'est pas très juste vis à vis de Thomas !
Les disciples renâclent quand Jésus parle de monter en Judée , "Rabbi, tout récemment encore les juifs cherchaient à te lapider ; et tu veux retourner là-bas ?" (Jn 10,8) ; Thomas , lui, est décidé à le suivre résolument et exhorte les autres à faire de même : "Allons, nous aussi, et nous mourrons avec lui" (Jn 10,16).
Cependant, selon cet évangile de Jean, avec son style et son procédé littéraire si personnel, Thomas a du mal à comprendre les intentions de Jésus, et cela ne le réjouit pas d'avancer à l'aveuglette. Il demande à y voir clair : "Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas, comment pourrions-nous en connaître le chemin ?" (Jn 14,4).
Au soir de Pâques, tandis que les disciples sont réunis dans le Cénacle, Thomas n'est pas là. Il n'a pas vu le Ressuscité, il remet en cause le témoignage de ses amis. Il demande à voir par lui
même, à toucher par lui-même, non un spectre, un fantôme, mais bien le crucifié, portant dans sa chair les traces de la souffrance et de la mort.
Thomas signifie "Jumeau" en hébreu. N'est-il pas notre jumeau dans la foi, nous qui sommes lents à croire et à comprendre ? Et cependant, avec lui et comme lui, nous murmurons avec reconnaissance dans la foi "Mon Seigneur et mon Dieu".
Qu'avons-nous donc vu, qu'avons nous donc touché des plaies du crucifié pour murmurer ces mots de la foi ? Heureux sommes-nous !
Christian Le Borgne, curé