· 

Il est l'agneau et le pasteur...

Peut-être avez vous en mémoire cette scène plutôt cruelle, et cependant humoristique, du film "Astérix - Mission Cléopâtre" ? On y voit un agneau plongé dans la fosse aux crocodiles... et la question angoissée de Jamel Debouze alias Numérobis, "il est ou le magneau ?"
Nous sommes si habitués, dans notre langage liturgique, biblique, iconographique, à ce langage de l'agneau, que nous en avons sans doute perdu de vue tout ce qu'il y a de scandaleux à représenter le Christ sous l'aspect d'un agneau immolé !

 

Nous sommes héritier d'un enseignement religieux où le Christ nous est abondamment présenté comme le souverain prêtre, à la manière des grands prêtres de l'ancienne alliance. Or le Nouveau Testament, à l’exception notable de l'épitre aux Hébreux, ne développe nullement cette approche. Et précisément, si l'auteur de cette lettre utilise ce langage, c'est pour mieux préciser combien la nostalgie du Temple, de son sacerdoce et de ses sacrifices d'animaux est désormais caduque ; c'est le Christ  qui est désormais l'unique prêtre, et l'unique victime. Dans son offrande sur la croix, il supprime le culte ancien, pour nous établir de manière définitive dans le sanctuaire.

 

A ce langage "sacerdotal", l'Evangile préfère le langage "pastoral". A la suite des prophètes, le Christ nous est présenté comme le Pasteur, qui prend soin des brebis et des agneaux, et parfois, comme l'agneau pascal. "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde", dira Jean le Baptiste, invitant ses disciples à suivre Jésus. Dans le livre de l'Apocalypse, tel le passage proclamé ce dimanche, le Crucifié Ressuscité est acclamé comme l'Agneau immolé.

 

Si tel est le Maître, tel est le disciple. Nous l'avons entendu dimanche dernier, Jésus ressuscité renouvelle la mission confiée à Pierre "Sois le berger de mes agneaux, sois le pasteur de mes brebis" (Jn 21,15-17); mais aussi "allez, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups"... (Mt 10,16 ; Lc 10,3).

 

En ce temps pascal, il nous est bon de nous replonger dans ce langage biblique. Dans une Eglise où chacun entend à sa manière la façon d'envisager les vocations et les ministères, ou chacun entend à sa manière la mise en garde du pape vis à vis du  cléricalisme, c'est dans la contemplation du Christ, le Bon Pasteur qui donne sa vie, que nous serons au mieux fidèles à la mission qu'il nous confie.

 

"Dieu éternel et tout puissant,
guide-nous jusqu'au bonheur du ciel ;
que le troupeau parvienne, malgré sa faiblesse,
là où son Pasteur est entré victorieux..."

 

Christian Le Borgne, curé