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Heureux ceux qui lavent leurs vêtements

Heureux ceux qui lavent leurs vêtements :
ils auront droit d’accès à l’arbre de la vie
et, par les portes, ils entreront dans la ville. (Apocalypse 22,14)

 

Ce verset du livre de l'Apocalypse a trouvé illustration au verso de la bannière de Lannelec, aujourd'hui exposée dans le chœur de l'église de Pleyben. 

 


Les inscriptions brodées qui encadrent l'illustration de la bannière citent le verset  l'Apocalypse, selon une traduction autre que celle de la liturgie. "Heureux ceux qui lavent leurs robes, ils pourront disposer de l'Arbre de Vie, et pénétrer  en cité par les portes". 


Au sommet de l'arbre, d'un côté, une colombe, image de la paix donnée par le Ressuscité, "La paix soit avec vous", ou venue de l'Esprit Saint, ou peut-être les deux ! De l'autre, une porte ouverte d'où jaillit la lumière : la porte de la Citée Céleste.

Nous trouvons également une référence à l'arbre primordial de la Genèse, l'arbre de la connaissance du bien et du mal, par le fait que l'on trouve les deux visages de l'humanité première en la figure du couple Adam et Eve. Apparemment, ils lavent leur vêtement, rouge pourpre, dans les eaux vives. 

Nous l'avons chanté dans la nuit de Pâques, dans le chant d'annonce de la Résurrection, l'Exultet, cette œuvre extraordinaire opérée par le Christ : 


"
C'est lui qui a payé pour nous la dette encourue par Adam notre père,
et qui a détruit en son sang la condamnation de l'ancien péché.
Heureuse faute d'Adam   
qui nous valu  un tel Rédempteur !"
.

 

 

Pourquoi Jakez Derouet, des ateliers Le Minor  à t'il dessiné cette broderie des ateliers Le Minor au dos de la bannière de Lannélec ?  En fait, cette bannière, réceptionnée l'été 2008, reprend le vitrail de Jean Pierre Le Bihan, posé quelques années plus tôt. Un article du Télégramme paru à l'occasion de la réception en fait mention. On y trouve beaucoup de similitudes, dans la disposition centrale de l'arbre, la présence du couple originel en bas à gauche, la citation du texte biblique...

Toutes ces illustrations sont fort belles, mais ne nous donnent pas la clé de lecture de ce texte de l'Apocalypse, l'annonce du bonheur pour ceux qui lavent leurs vêtements, ayant accès à l'arbre de vie, leur permettant d'entrer par les portes dans la Cité... Tout cela nous fait penser à une énigme du Père Fouras ! Il nous est dit que le mot "apocalypse" signifie "révélation/dévoilement" ; nous demandons cependant à comprendre. Quelle est la "Calypso" qui nous permettra de découvrir, tel Cousteau, ce qui est caché à nos yeux ?


Dans le récit de la Genèse, il nous est dit que l'homme et la femme ont voulu manger le fruit de l'arbre, pour être comme des dieux, avoir la connaissance du bien et du mal... Au résultat, tout confus, ils se découvrent nus, et exclus du jardin...

Ce langage sera repris de diverses manières par les prophètes, l'Evangile, et l'Apocalypse. Le bois dressé du gibet, la croix, est devenu l'arbre donnant son fruit le plus précieux, le Ressuscité. L'Agneau, le Christ, est l'Epoux qui invite à ses noces. Mais comme dans la parabole, sont accueillis dans la joie nuptiale ceux qui portent le vêtement de circonstance. Il faut se dépouiller de l'homme ancien, pour revêtir le Christ, dira St Paul (Rm 13,14). C'est le Christ lui même, qui par son sang, a purifié le vêtement de toute souillure. Il est l'Epoux qui veut son épouse belle et resplendissante. L'image est surprenante, mais il nous est dit de la multitude des élus "qu'ils ont lavé leur vêtement dans le sang de l'Agneau".

Tout est inversion des valeurs ! Le bois du supplice est arbre de vie, le sang de l'Agneau immolé est purificateur, comme dans le récit de l'Exode, le sang sur le linteau des portes indique le chemin du Salut, les portes de la Citée céleste nous sont grandes ouvertes.

 

Nous chantons, dans nos liturgies, des mots et des phrases inspirées de ces paroles bibliques. Peut-être n'y prêtons nous pas d'attention : 


"Pour que l'homme soit un fils à son image
Dieu l'a travaillé au souffle de l'Esprit...

 

Quand ce fut le jour et l'heure favorable,
Dieu nous a donné Jésus le Bien Aimé
L'arbre de la croix indique le passage

Vers un monde où toute chose est consacrée."

 

et bien sur :

"Heureux qui lave son vêtement dans le sang de l'Agneau
Il aura droit aux fruits, de l'Arbre de la vie"...

 

Merci aux artistes qui nous révèlent ces mystères insondables !

 

Christian Le Borgne, curé