· 

Heureux les pauvres, le Royaume est à eux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Calvaire de Pleyben

 

 

« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Cette prière, dernier cri d'espoir d'un homme à l'heure de la mort, adressée à un compagnon de souffrance, injustement condamné, nous révèle le secret de la véritable royauté du Christ.

 

Le Christ Roi, Souverain de l'Univers... Il est rare pour nous chrétien, de prier le Christ en nous adressant à lui, en usant de ce titre qui peut nous sembler d'une autre époque.

Tout d'abord, parce que le titre de "Roi" n'évoque pour nous rien d'autre que l'actualité d'un Prince Charles devenu  King Charles III, ou des réminiscences d'histoire apprisent au travers des filtres républicains de notre Education Nationale... Autant dire que le titre de Roi ne fait pas très sérieux.

 

Si l'on regarde du côté des évangiles, il y a toujours méprise, incompréhension, lorsque le titre de roi est attribué à Jésus. Entre les mages en quête du roi qui vient de naître, et qui trouvent un nouveau né dans un abri de berger, des foules qui acclament le "Fils de David" comme une investiture, lors de l'entrée triomphale à Jérusalem, ou dans les moqueries  adressées au crucifié, dont nous avons écho dans le récit de ce dimanche  : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! ». La seule fois où le Christ rend compte de sa royauté, c'est lorsqu'il est ligoté, confronté à la toute puissance du pouvoir romain  :


Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »

Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » (Jn 18, 36-37)

 

Lorsque Jésus répond à Pilate que sa royauté n'est pas de ce monde, il faut l'entendre "à la manière de ce monde", c'est à dire, comme il l'explicite par ailleurs, notamment selon l'évangile de Matthieu, quand la mère des disciples Jacques et Jean intervient en leur faveur, afin qu'ils siègent à sa droite et à sa gauche à l'avènement de son royauté :

« Vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »


Le Pape François, dans son encyclique "Laudato si'" (§82), mentionne ce passage de l'Evangile pour appuyer son propos selon lequel "La vision qui consolide l'arbitraire du plus fort a favorisé d'immenses inégalités, injustices et violences pour la plus grande partie de l'humanité, parce que les ressources finissent par appartenir au premier qui arrive ou qui a plus de pouvoir : le gagnant emporte tout. L'idéal d'harmonie, de justice, de fraternité et de paix que propose Jésus est aux antipodes d'un pareil modèle..."

 

 

Cet idéal d'harmonie, de justice, de fraternité et de paix, nous est annoncé dans la proclamation des béatitudes "Heureux les pauvres, le Royaume des cieux est à eux".
Tel est le véritable titre royal du Christ, d'être celui par qui le Père manifeste et réalise son Royaume. Et puisque le royaume de Dieu est celui où les pauvres et les petits sont les premiers, le Christ se fait petit et pauvre en toute chose. Du haut de la croix, crucifié, humilié, "Jésus de Nazareth Roi des Juifs", il manifeste sa royauté en accueillant la demande du larron qui l'implore.

 

C'est une bonne coïncidence, que la journée nationale du Secours Catholique corresponde à cette solennité du Christ Roi ! Cela nous évite de rêver d'un Royaume autre que celui annoncé par le Christ !

 

"Ni la violence des puissants,
ni la science des prudents
ne force le Royaume,
mais la faiblesse des petits
et la patience des humbles
pénètrent les secrets de Dieu. "
                                                             (Hymne liturgique CFC-CNPL)

Christian Le Borgne, curé