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Joseph, fils de David

Avant de chanter "Oh Marie, si tu savais", Johny chantait "Si j'étais un charpentier"... "Voilà c'que c'est mon vieux Joseph", chantait quant à lui Georges Moustaqui... L'idole des jeunes d'un côté, de l'autre, le poète, avec sa gueule de métèque, de juif errant, de pâtre grec, honoraient l'un et l'autre  Joseph, le charpentier de Nazareth, d'une chanson dans leurs albums. Tandis que j'ai beau chercher dans nos répertoires liturgiques, Joseph est le grand absent !

 

Il en allait autrement au début de l'autre siècle, mais force est de reconnaître que ce qui était dit ou invoqué au sujet de Joseph, relevait davantage de l'idéologie morale du moment, que de la révélation évangélique. Le texte des chants était à l'image, si je puis dire, des illustrations que l'on a de Joseph dans les vitraux de St Idunet : le père protecteur en adoration devant l'enfant Dieu, l'époux chaste, le lis à la main, le bon ouvrier, tenant son outil de charpentier, et enfin, l'image de la bonne mort !

 

Si aujourd'hui, on voulait puiser au même filon du cantique moralisateur, on ferait de Joseph, le protecteur de l'enfance en danger, et le saint patron des immigrés, pour raison politique, quand il dut fuir en Egypte, ou économique, quand de Bethléem en Judée il est venu s'installer comme artisan à Nazareth en Gallilée.

 

Cependant, si toute révélation évangélique à une conséquence morale, un appel à la conversion, ou au témoignage de vie, conforme à la foi chrétienne, Saint Joseph pourrait être pour nous un beau modèle en ces jours qui nous disposent à célébrer Noël ; non seulement un modèle pour la piété ou les valeurs morales, mais d'abord et avant tout, un modèle de la foi et de la charité.

 

Comme le rappelle avec humour le film de Gad Elmaleh "Reste un peu", Joseph est juif, et Marie aussi ! Non seulement juif, mais de la descendance de David, ce qui permet à l'enfant Jésus d'être inscrit dans la filiation du roi David, et en conséquence, de naître, comme ce berger devenu roi, à Bethléem.
Comme Abraham, comme Moïse, et aussi comme Joseph, fils de Jacob, le frère vendu aux égyptiens, il accepte d'être contrarié dans ses projets, pour répondre au projet de Dieu. C'est en cela qu'il est "juste", c'est à dire celui qui "s'ajuste" au projet de Dieu.
Au service de l'Enfant à naître et de sa Mère, il est dans l'ombre, au second plan, le complice bienveillant de Dieu le Père dans sa responsabilité paternelle.  Il est le témoin privilégié de cet enfant adoré par les mages, peuples païens, et des bergers, les petits d'Israël ; il est le protecteur face aux puissants qui veulent sa mort.

 

En annonçant une année particulière consacrée à Joseph, le pape François écrivait ceci :
« Nos vies sont tissées et soutenues par des personnes ordinaires, souvent oubliées, qui ne font pas la une des journaux et des revues ni n’apparaissent dans les grands défilés du dernier show mais qui, sans aucun doute, sont en train d’écrire aujourd’hui les évènements décisifs de notre histoire : médecins, infirmiers et infirmières, employés de supermarchés, agents d’entretien, fournisseurs de soin à domicile, transporteurs, forces de l’ordre, volontaires, prêtres, religieuses et tant d’autres qui ont compris que personne ne se sauve tout seul. […] Que de personnes font preuve chaque jour de patience et insufflent l’espérance, en veillant à ne pas créer la panique mais la co-responsabilité! Que de pères, de mères, de grands-pères et de grands-mères, que d’enseignants montrent à nos enfants, par des gestes simples et quotidiens, comment affronter et traverser une crise en réadaptant les habitudes, en levant le regard et en stimulant la prière! Que de personnes prient, offrent et intercèdent pour le bien de tous ». Nous pouvons tous trouver en saint Joseph l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète et cachée, un intercesseur, un soutien et un guide dans les moments de difficultés. Saint Joseph nous rappelle que tous ceux qui, apparemment, sont cachés ou en "deuxième ligne" jouent un rôle inégalé dans l’histoire du salut. À eux tous, une parole de reconnaissance et de gratitude est adressée.
(Lettre Apostolique Patris corde)

 

Le pape nous propose cette prière à Saint Joseph :

Saint Joseph,
toi qui toujours as fait confiance à Dieu,
et as fait tes choix
guidé par sa providence
apprends-nous à ne pas tant compter sur nos projets
mais sur son dessein d’amour.
Toi qui viens des périphéries
aides-nous à convertir notre regard
et à préférer ce que le monde rejette et marginalise.

Réconforte ceux qui se sentent seuls
et soutiens ceux qui travaillent en silence
pour défendre la vie et la dignité humaine.
Amen.