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C'est quand le Bonheur ?

 

 

 

 

 

 

 

 

Mont des Béatitudes 
Vue sur le lac de Galilée

 

 

Les chanteurs de variété, ceux que l'on aime, et aussi ceux que l'on aime moins, et tous les autres, nous ramènent à ce thème récurant du bonheur...    "Il est où le bonheur, il est où ?" chante Christophe Maé, quand Cali s'interroge "C'est quand le bonheur ?". Pour sa part, Jean Louis Aubert recherche la bonne méthode : "Si je pouvais construire du bonheur..."

J'arrête là mon tour d'horizon, digne d'une émission comme "Flâne Rivage" que réalisait avec art Michel Scouarnec, sur RCF-Rivages.

 

L'Evangile ne fait pas preuve d'originalité en nous invitant au bonheur. Toute la Bible en est pétrie. Nous chantons en breton "Eüruz an hini ha garo Doue", en écho au premier verset du premier des psaumes "Heureux l'homme qui met sa foi dans le Seigneur". Ce qui est propre à la Bible, c'est cette approche spécifique du bonheur, non comme une rétribution, une récompense, un trophée que l'on remporte, mais plutôt comme une découverte d'un cadeau secret. Un long cheminement dans la Bible nous fait passer du bonheur à vue d'homme, une bonne fortune, une bonne situation familiale, une bonne renommée, au bonheur selon le projet de Dieu. Le vrai bonheur, c'est en toute chose faire confiance en Dieu et se recevoir de lui, "Comme un enfant blotti comme sa mère", selon le Psaume 130.

 

Au tout début de son enseignement, ouvrant son discours par cette série de béatitudes, on peut comprendre Jésus comme reprenant le flambeau du vieux Moïse arrivé au terme de son parcours. Celui qui avait mené son peuple de l'esclavage au désert, leur avait donné, au tout début de cet exode, les tables de la Loi, la Charte de l'Alliance. Quarante ans plus tard, alors qu'il arrive au seuil de la Terre Promise, il s'adresse ainsi au peuple, de la part du Seigneur : "Vois, je mets devant toi la vie et le Bonheur, la mort et le malheur ; choisit donc la vie !" (Deutéronome 30, 15-20).

En reprenant cet annonce du Bonheur, ce n'est plus la Terre Promise, au delà du Jourdain, une terre ruisselant de lait et de miel, qui nous est promis, mais le Royaume, le projet de Dieu pour les hommes et les femmes, ses enfants. Les Béatitudes sont, en quelque sorte, la Charte du Royaume.

 

.En nous donnant l'enseignement du Christ sur la Montagne, l'évangile selon Matthieu inaugure cet enseignement par l'invitation au bonheur, et plus qu'une invitation, une bénédiction, une révélation du bonheur déjà entraperçu. Heureux les pauvres de cœur, le Royaume de Dieu est à eux... 
Ce qui nous est énoncé dans la série des béatitudes, nous sera par la suite, commenté dans les enseignements, illustré dans les paraboles : grain de blé, outre de vin, levain dans la pâte, festins de noces où sont invités les mendiants des carrefours du monde, et encore terres de vignoble et de figuiers... Les Béatitudes sont comme le générique d'une grande œuvre.

Plus encore, les béatitudes nous dressent le portrait de celui par qui Dieu réalise son projet, Jésus le Fils. C'est lui le pauvre de cœur, le miséricordieux, l'artisan de paix, celui qui sera méprisé, persécuté en vue du Royaume. Les Béatitudes sur la Montagne anticipent une autre béatitude : "heureux les invités aux noces de l'Agneau".

 

Nous sommes invités à nous assoir, pour entendre, plus encore pour écouter l'enseignement du Christ. Quand les bruits du monde nous invitent au profit, à la rentabilité, à la domination, un joueur de flute nous invite à danser la ronde avec Dieu. "J'ai joué de la flute sur la place du marché, toi qui m'as entendu viendras tu danser ?" (Mt 11,17 - Père Duval).

 

Christian Le Borgne, curé