
La nouvelle a retentie en cette soirée du 8 mai :
Annuntio vobis gaudium magnum;
habemus Papam !
Surprise ! Joie ! Alors que les pronostiques allaient bon train "dans les milieux autorisés", comme disait Coluche, on prédisait un conclave long, et qu'en dehors de la presse catholique, comme dans la Croix, le nom du cardinal Prévost n'était guère avancé comme crédible.
"Valeurs Actuelles", magasine qu'il m'arrive de consulter par nécessité ou curiosité, notait à son sujet "Cardinal depuis très peu de temps, discret et peu charismatique, Américain de surcroît en un contexte où cette nationalité n’est pas la plus populaire, il ne semble pas à même de constituer un premier choix dans le vote des cardinaux." Voila qui me conforte dans la confiance que l'on peut accorder à ces "magazines d'opinion" !
Réjouissons nous ! Les raisons en sont multiples :
- Tout d'abord, contrairement donc aux prévisions, l'élection à eu lieu au quatrième tour de scrutins, ce qui signifie que cette élection est un choix d'adhésion, et non de compromis.
Malgré le nombre et la diversité des cardinaux électeurs, une communion réelle s'est cristallisée sur le choix de la personne à élire. Rappelons nous que c'est le nombre de scrutins qui a élu le
cardinal Ratzinger, devenu Benoit XVI, et que le cardinal Bergoglio, regretté François, a été lui élu au cinquième tour de scrutins ; l'élection de Jean Paul II, qui était une surprise pour tout
le monde, avait nécessité huit tours de scrutins.
- Dans le contexte de conflits lourds, en Ukraine, à Gaza, et en bien d'autres lieux, comme au Soudan où les massacres de civils se poursuivent, nous avons entendu retentir cette salutation au soir de la commémoration du 8 mai 1945 :
"La paix soit avec vous tous!»
Chers frères et sœurs, c’est la première salutation du Christ ressuscité, le Bon pasteur qui a donné sa vie pour le troupeau de Dieu. Je voudrais moi aussi que ce salut de paix entre dans vos cœurs, qu'il parvienne à vos familles, à tous les hommes, où qu'ils soient, à tous les peuples, à toute la terre. Que la paix soit avec vous!
C'est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée et une paix désarmante, humble et persévérante. Elle vient de Dieu, de Dieu qui nous aime tous inconditionnellement
Cette salutation, cette exhortation à accueillir la paix, n'est pas un effet oratoire de circonstance, dans l'allégresse d'une élection. Traçant le portrait du cardinal
Prevost, dans le magasine La Croix de samedi dernier, Nicolas Senèze écrit ceci :
Mais si ce pasteur a expérimenté l’Église multiculturelle promue par François, il reconnaît combien « maintenir l’unité dans la diversité » est « un véritable défi ». « Surtout lorsque la polarisation est devenue le mode de fonctionnement d’une société qui, au lieu de rechercher l’unité comme principe fondamental, va plutôt d’un extrême à l’autre », soulignait-il dans un entretien sur le site de l’ordre augustin, jugeant qu’il ne fallait pas « confondre l’unité avec l’uniformité », ni comprendre la diversité « comme une manière de vivre sans critère ni ordre ».
Le cardinal Prevost a évité de s’engager dans les batailles idéologiques de la fin du pontificat. Il a par exemple joué l’apaisement avec les évêques allemands autour du Chemin synodal, très contesté à la Curie. Apprécié pour sa capacité de synthèse, il apparaît comme un pont entre les factions.
- Enfin, réjouissons nous, parce qu'à l'heure ou l'on dit l'Eglise en manque d'audience, l'élection de Léon XIV suscite l'intérêt, la bienveillance la plus grande, de la part de milieux les plus divers. Il y a bien sur des joies de circonstance, comme celle du président des USA et de son très catholique vice président, qui ne sont pas sans me rappeler les félicitations du Général Jaruelscki à l'occasion de l'élection de Jean Paul II ! Le choix de son nom, référence à Léon XIII, pape de la doctrine sociale de l'Eglise, ses premiers propos, appelant à poursuivre le chemin d'une Eglise synodale au service des plus pauvres, nous portent à la confiance, à l'espérance même.
En cette année jubilaire, Léon reprend le flambeau de François. Que l'Esprit Saint lui accorde la plénitude de ses dons, qu'il conduise avec ses frères évêques, l'Eglise du Christ.
Christian Le Borgne, curé