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L'Eglise, phare dans la nuit du monde

J'aime beaucoup la symbolique du phare.

Je me réjouis que le Pape Léon en ait parlé comme image de "l'Eglise dans la nuit du monde", au lendemain de son élection.

Ces propos sont au diapason de la démarche pastorale de notre évêque : "Accueillons la lumière du Christ
et rayonnons !

Digemerom sklêrijenn or Zalver ha skignom anezi !

 

Nous sommes fiers, en Finistère, de notre patrimoine exceptionnel relevant du service des Phares et Balises. Je ne peux tous les citer, mais peuvent être mentionnés Eckmühl, à Penmarc'h, la Vieille, Thévennec, Men Brial, Sein et Armen, au large de la Pointe du Raz, Pierre Noire, Trézien et bien sûr Saint Mathieu à la pointe du même nom. La kyrielle de phares autour de l'Ile d'Ouessant, Le Four, la Jument, avec le feu le plus puissant, Le Creac'h ! En d'autre temps, ce n'est pas la maquette de Saint Mathieu mais de l'Ile Vierge que j'avais réalisée pour une retraite de profession de foi à Plouguerneau...

 

Je viens d'énumérer une série de noms, qui évoquent ces tours à feu, mais n'oublions pas qu'il y a deux siècles, la plupart de ces noms évoquaient, pour les marins et leurs proches, des noms d'angoisse et de deuils. "Ar Men", avant d'être le phare, c'est le rocher à fleur d'eau, comme "Pierre Noir - Men Du". Dans les passes dangereuses du Raz de Sein ou du Fromveur, il fallait bien connaître sa navigation pour ne pas éventrer la coque du bateau sur ces récifs meurtriers ou venir se fracasser au pied des caps dangereux. 

 

Face à ces dangers, les politiques ont décidé, des ingénieurs ont travaillé et les hommes ont pris leur courage à deux mains. Armés de pics et de pioches, ils ont érigé au défit des courants et des vagues, des constructions solides, et les ont coiffées de lumière. Sur les lieux évoquant la mort, la lumière a brillé, repère pour ceux qui croisent au large. Cela n'évoque t'il pas quelque chose du mystère de Pâques ?
Après le courage des marins et des maçons, est venu celui des gardiens, vigiles solitaires et persévérantes, malgré les tempêtes et les retards dans la relève. Lisez ou relisez "Ar Men" de Jean Pierre Abraham, chronique d'un gardien de phare ; c'est le journal de bord d'un ermite de l'océan... Cela n'évoque t'il pas quelque chose du mystère de l'Eglise ?

 

Dans cette collection de phare, le diocèse a choisi celui de Saint Mathieu. Cela nous ramène à l'origine de notre Eglise diocésaine. On peut encore reconnaître au chevet des ruines de l'abbaye, une tour carrée. La mission des moines était de maintenir le feu allumé, à l'aide de landes et de suif hissés au sommet de la tour. Tanguy, fondateur du monastère, n'a t'il pas ce nom "Tan", le feu ? Au jour de la Pentecôte, l'Esprit Saint se partage en autant de langues de feu pour conduire, éclairer de la lumière du Christ, diriger les hommes à bon port.

 

Christian Le Borgne, curé