La Grande Troménie de Locronan du 13 au 20 juillet

La Grande Troménie de Locronan du 13 au 20 juillet

Ce mercredi 18 juin, la conférence de presse de présentation de la Grande Troménie s’est tenue à Locronan, dans une salle située à proximité immédiate de l’église, symbole fort pour ce pèlerinage profondément enraciné dans la foi et la tradition. En présence des principaux organisateurs le curé de la paroisse Sainte Anne Châteaulin et les représentants de l’association Vie et Tradition les contours de l’édition 2025 ont été dévoilés. Tous ont rappelé la dimension spirituelle et patrimoniale de cet événement unique, mêlant héritage celtique et cheminement chrétien.

 

Tous les six ans, Locronan redevient le cœur battant d’une tradition millénaire : la Grande Troménie, pèlerinage exceptionnel qui mêle spiritualité chrétienne, racines celtiques, et un profond attachement au territoire. Cette année, des milliers de pèlerins, fidèles, curieux et marcheurs se retrouveront dans ce petit bourg emblématique du Finistère pour accomplir un chemin aussi symbolique que sacré.

 

Un pèlerinage enraciné dans les temps anciens

 

La Troménie de Locronan — du breton Tro Minihi, signifiant « tour du sanctuaire » — est l’un des plus anciens et emblématiques pèlerinages de Bretagne. Elle puise ses racines dans une double tradition spirituelle : celtique et chrétienne.

 

Avant l’arrivée du christianisme, Locronan était un haut lieu religieux celte, structuré autour d’un calendrier solaire. Les anciens druides y pratiquaient déjà des rituels liés au cycle des saisons et aux forces naturelles. Le sanctuaire, situé au pied de la colline de Menez Lokorn, formait un espace sacré orienté selon des repères cosmiques.

 

Au VIe siècle, saint Ronan, moine irlandais venu évangéliser la Bretagne, s’installe à Locronan pour y vivre en ermite. Par sa sainteté et son rayonnement, il christianise les lieux tout en intégrant certaines traditions locales. Après sa mort, son culte se développe rapidement. La Troménie devient alors un pèlerinage en hommage au saint, à la fois spirituel et territorial.

 

Deux formes de Troménie sont apparues au fil du temps :

  • La Petite Troménie, organisée chaque année le deuxième dimanche de juillet, qui se déroule autour de la ville.
  • La Grande Troménie, beaucoup plus rare et solennelle, n’a lieu que tous les six ans. Elle consiste en un parcours de plus de 12 kilomètres suivant les anciennes limites paroissiales de Locronan, ponctué de 12 stations. Cette périodicité de six ans ferait écho à des rythmes anciens du calendrier celtique.

Elles font référence à saint Ronan, qui, selon la tradition, parcourait chaque jour l’itinéraire de la Petite Troménie, et empruntait celui de la Grande Troménie chaque dimanche.

 

Au fil des siècles, la Grande Troménie a traversé les époques, les guerres et les changements de société, sans jamais perdre son sens profond. Aujourd’hui encore, elle attire des milliers de fidèles, de curieux et de marcheurs, venus vivre un moment suspendu dans le temps, entre nature, silence et spiritualité.

 

Que vient-on chercher à la Grande Troménie ?

 

Il est difficile de mettre des mots sur ce que l’on vient chercher à Locronan. Ce n’est pas un simple pèlerinage balisé, ni une marche ordinaire. C’est une expérience intérieure, une traversée à la fois physique et spirituelle. Comme le résume si justement Guy Lefloch, président de l’association Vie et Tradition : « Il faut la faire une fois pour comprendre. Quand vous la ferez, vous saurez ce que vous êtes venu chercher. »

 

À Locronan, chacun arrive avec son histoire : certains viennent pour honorer une promesse, d’autres pour rendre grâce, chercher un apaisement, formuler une prière ou simplement marcher en silence. Le père Christian Le Borgne, curé de la paroisse Sainte-Anne de Châteaulin, le dit avec justesse : « Chacun y trouve ce qu’il est venu chercher, et beaucoup trouvent… en marchant. »

 

La Grande Troménie est une quête plurielle : spirituelle, existentielle, personnelle. Elle traverse l’humain tout entier, à travers les 12 stations du parcours. Ces étapes ne sont pas que des arrêts géographiques : elles deviennent des pauses intérieures, des espaces où l’on dépose ce que l’on porte, ce qui pèse ou ce qui brûle, pour repartir plus léger, ou plus ancré.

 

Sur le chemin, les regards se croisent, parfois les larmes aussi. Mais personne n’est pressé. Ici, on marche à son rythme, selon sa foi, sa force ou son silence. Certains prient, d’autres méditent, d’autres encore courent, chaque matin, comme un rituel personnel. Il n’y a pas de manière « correcte » de faire la Troménie : il n’y a que celle qui fait écho à ce que l’on est.

 

Le cadre est propice à cette démarche et tout contribue à ouvrir un espace en soi. Le granit des calvaires, la mousse des sentiers, l’odeur de l’herbe sèche sous le soleil breton : autant de signes discrets d’une terre habitée par la prière depuis des siècles. À Locronan, le paysage devient message. Et la marche, une forme de réponse.

 

Informations pratiques : un événement unique en son genre

 

Déroulé de la semaine

  • Samedi 12 juillet à minuit : ouverture officielle du chemin de la Troménie, à l’issue du spectacle nocturne après que le tantad (feu de joie) a été allumé.
  • Le chemin reste ouvert librement jusqu’au dimanche suivant. Chacun peut le faire à son rythme, à toute heure, tant qu’il passe par les 12 stations.
  • Le premier dimanche :
    • Messe solennelle présidée par Monseigneur Dognin.
    • 14h : Départ de la Grande Procession depuis le Pénity, rassemblant l’ensemble des bannières. Elle se dirige ensuite vers la butte de Menez Lokorn, station emblématique et étape majeure du parcours, avant de revenir vers le cœur du bourg. À l’arrivée, les bannières passent solennellement sous le Pénity et les reliques de saint Ronan dans un moment fort de ferveur et de tradition.
  • Le deuxième dimanche, même déroulement avec la participation de Mgr Gérard Le Stang, évêque invité.

Une expérience à vivre, une mémoire à transmettre

 

Clément Soubigou, vice-président de l’association Vie et Tradition, rappelle que la Grande Troménie n’est pas seulement un événement : « C’est un chemin de foi, de culture et de transmission. » Avec plus de 5 000 personnes dès le premier dimanche, la Grande Troménie témoigne d’une foi vivante, enracinée dans l’histoire et ouverte à tous les chercheurs de sens.

 

Que vous soyez croyant, curieux, amoureux du patrimoine ou en quête intérieure : la Grande Troménie de Locronan vous invite à marcher… et à découvrir ce que vous seul pouvez y trouver.