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Devenir chrétien en famille

Ce dimanche, à Briec, nous célébrons notre messe de rentrée. Pour moi, avec la Paroisse Sainte Anne, c’est la cinquième messe de démarrage d’année, depuis celle de septembre 2017, qui nous engageait résolument dans une démarche de paroisse nouvelle. La visite pastorale de notre évêque, reportée par deux fois déjà, en raison de la situation sanitaire, et que nous envisageons au mois de janvier prochain, sera l’occasion d’évaluer le chemin parcouru dans la mise en place de ce dynamisme commun.

 

 

Parmi les axes à retenir, dans notre travail pastoral, nous aurons à cœur de mettre en œuvre le projet diocésain : « Devenir chrétiens en famille, Tout commence en famille ». Il est écrit dans la présentation en ligne par le diocèse « Devenirs Chrétiens en Famille est une initiative diocésaine d’évangélisation qui, par tous les moyens adaptés et efficaces, entend s’adresser à toutes les familles. Elle se propose de les accompagner sur leurs chemins de vie et de les aider à devenir actrices dans la mission de l’Église, dont elles sont les destinataires prioritaires. » 

Il ne s'agit pas, dans cette initiative, d'aller mobiliser de nouvelles énergies, en plus de tout ce qui se fait déjà, alors que, avouons-le, nous sommes à la limite de nos capacités ! Au contraire, il s'agit de revisiter nos manières de faire et nos propositions, de telle sorte que les familles soient partenaires, partie prenante. Il ne s'agit pas de partir en croisade pour défendre un idéal familial catholique, mais dans la diversité des situations  familiales rencontrées, heureuses ou malheureuses, avec leurs joies, leurs peines, leurs échecs, leurs fragilités, leur proposer un chemin d'évangélisation, en leur proposant d'en être acteur.

 

Dans l'Evangile de ce dimanche, nous sommes témoins une fois de plus, de la difficulté des disciples à comprendre la démarche du Christ. Ils se querellent pour se disputer les premières places, comme le font actuellement les prétendants à l'élection présidentielle du printemps prochain. Et il est clair que parmi ceux qui prétendent à une éventuelle candidature, certains ne répondent absolument pas aux critères de l'Evangile ! En effet, pour le Christ, le critère, c'est l'enfant, le petit, le faible qu'il faut servir et protéger. En fait, il s'agit d'une parabole en acte ! Mettre l'enfant ou la famille au centre de nos préoccupations, c'est vouloir servir l'humanité dans ce qu'elle à de plus beau, créée à l'image et à la ressemblance de Dieu, et aussi la prendre en charge, comme un cadeau fragile à préserver, à faire grandir, à soigner lorsqu'elle souffre et qu'elle est blessée. Au regard de l'Evangile, on n'est pas serviteur pour se mettre en valeur, mais pour mettre en valeur celle, ou celui que l'on sert.

 

Evidemment, cette logique va à l'encontre de l'esprit du monde. Le Christ bouscule ses disciples, il suscite l'incompréhension de leur part ; plus encore il suscite la haine et la violence de la part de ceux qui veulent sa mort. "Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience." Le Christ est bien conscient que ses adversaires se situent dans cette logique décrite dans le Livre de la Sagesse. Il annonce sa passion, sa mort, et aussi la victoire finale, mais les disciples n'osent pas l'interroger. Sans doute parce que Pierre s'est déjà fait vertement rabrouer, en voulant s'opposer à cette annonce, "Passe derrière moi Satan !". Sans doute aussi, parce qu'ils ne peuvent eux-mêmes entrer dans cette vision faite par le Christ de sa démarche. Nous mêmes, comment réagissons nous dans ces situations de conflit, de haine ? Reconnaissons-le humblement, nous sommes plutôt tentés de répondre au mal par le mal, du moins en paroles. Priez pour ceux qui nous veulent du mal n'est pas notre réflexe premier ; éventuellement, prier pour nos ennemis "de l'extérieur", c'est à dire ceux qui ont assassiné les moines de Tibérines, le Père Jacques Hamel, le Père Olivier Maire, cet été, à St Laurent-sur-Sèvre, prier pour ces assassins ne nous demande pas d'effort surhumain, dans la mesure où nous ne les connaissons pas vraiment, que nous n'avons pas à les affronter. Mais prier pour celles et ceux qui nous connaissons, que nous côtoyons, et dont nous savons les sentiments d'hostilité, de malveillance, c'est un effort trop important, et comme les disciples, nous avons peur d'interroger le Christ à ce sujet, de la compréhension à avoir, du comportement à adopter ! 

 

Lorsque le Christ met au premier plan un enfant, comme exemple, comme modèle, avec toute sa fragilité, ce n'est pas la pureté qu'il met en avant, mais la confiance absolu, comme le Christ lui même, la confiance absolue qu'il a en Dieu le Père.