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Portrait du Père Daniel

Autour de cafés fumants et de galettes bretonnes, nous avons rencontré le Père Daniel de Kerdanet, 37 ans. Enthousiaste et impliqué, ce jeune prêtre ne craint pas les défis. La paroisse Sainte-Anne est récente et étendue, et il s’agira d’en favoriser l’union. « Ce rapprochement ne peut se faire que dans le respect de chacun. Connaître les spécificités des communes, découvrir ce qu’elles peuvent s’apporter l’une l’autre : ce sera d’autant plus complexe et riche que j’arrive dans l’inconnu », souligne-t-il humblement. Nul doute qu’il saura prêter main-forte au Père Christian Le Borgne. C’est avec succès qu’il a assuré la même fonction en pays de Morlaix, depuis son ordination en 2012. Fédérateur, il n’en est que mieux placé pour prendre en charge la pastorale des jeunes. Cette mission l’investit depuis des années.

 

Itinéraire d’une vocation


Originaire de Trégarantec, ce fils d’agriculteurs catholiques et pratiquants est naturellement porté vers la foi, mais c’est par lui-même qu’il s’engagera dans cette voie. Dès l’adolescence, lors d’un camp de jeunes, se produit un déclic : il comprend que la foi est appel et élan à la fois. Comme le mariage, c’est un engagement mutuel.

Au lycée, il affronte d’inévitables conflits intérieurs. Cet artiste dans l’âme, pratiquant le dessin, la flûte irlandaise ou encore la sculpture sur bois, s’était certes imaginé un avenir plus classique d’ébéniste, marié et père de famille, mais il se sait appelé par le sacerdoce. Il prend conseil auprès d’un prêtre qui l’incite à ne pas s’élancer. Poursuivre ses études lui donnera la liberté de changer d’avis et surtout le discernement nécessaire à tout choix raisonné. Vouloir n’est ni pouvoir, ni devoir.

Il ne se fait pas prier ! Double cursus breton/espagnol, puis un an en Espagne pour consolider ses acquis.

Pour le breton ? Même logique. « Il faut s’immerger, nous dit-on, pour maîtriser une langue. Alors j’ai fait une sorte d’Erasmus bis dans ma campagne d’enfance ! J’ai appris le breton en conversant avec mes voisins ! », décrit-il gaiement.

C’est au contact d’autres étudiants qu’il apprend à assumer ses convictions. Être lui-même et accepter en tant que tel le transfigure. Il quitte la faculté, épanoui et confiant, prêt à pousser les portes du séminaire pour six années d’études. On s’y assurera autant de ses capacités que de son bien-être, être heureux étant la première clef pour pouvoir partager le bonheur. Il passera deux ans en tant que séminariste dans les Andes. Le contraste est saisissant, mais il trouve vite ses repères dans une culture paysanne qu’il connaît. Il se lie « par la racine » à ce peuple et en côtoie tous les milieux, jusqu’aux pandilleros tombés dans les pires spirales. Il s’agira alors d’organiser des tournois de sport, pour changer des corps-à-corps à la machette… Là où l’extrême opulence cantonnée derrière ses barbelés ignore la multitude qui se tue à la tâche, il comprend ce que regarder l’autre comme un frère veut dire. Et il persiste. Idéaliser la pauvreté, c’est l’abandonner à son sort. Dès lors, il gardera les yeux ouverts sur la misère de peuples qui ont droit à la dignité, mais aussi sur les dangers de la vraie pauvreté, résolument spirituelle.

 

Une nouvelle aventure commence !


Prêtre à Morlaix depuis 2012, il quitte cette paroisse non sans peine. « Partir est un arrachement nécessaire à la découverte. Sans la mort, pas de résurrection ! Ou, restons près de la terre, pour que les choux soient beaux, il faut les repiquer ! », s’exclame-t-il, avant de conclure, confiant : « Je sais que ce qui m’attend ici me fera grandir, et je n’aspire qu’à servir cette paroisse à la mesure de ce qu’elle va m’offrir ».


© Le Télégramme
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