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Bienheureuse Anne Marie Javouhey

 

 

Bienheureuse Anne Marie Javouhey

1779—1851

 

Le 10 novembre  1789 naissait Anne Marie Javouhey. « Nanette », la fillette de Jallanges et de Chamblanc ( en Côte d’Or) bénéficie des qualités d’une nature exceptionnelle. Chez  elle, l’alliage est riche. Aussi saura-t-elle inventer, innover dans l’action apostolique lorsqu’elle fondera une Congrégation, à l’âge de 28 ans. Elle sera l’humble précurseur d’une mission d’avant garde : l’éducation des peuples de couleur encore colonisés.

Son existence même sort de l’ordinaire. Parcourir 45 000 km par mer, en voilier, pour mettre les dons de son intelligence et de son cœur à la réalisation d’une vocation missionnaire, n’était pas chose commune  pour une femme, au début du XIX ème siècle.  Car « appelée par Dieu à être utile à un grand nombre de malheureux » (lettre 81), elle s’efforce de répondre aux besoins de son époque. Trois révolutions (1789, 1830, 1848) jalonnent sa route. Chacune crée des situations nouvelles, chacune demande de nouvelles formes de service. Mère Javouhey entend tous les appels, en France d’abord, dans les autres continents ensuite. Ce sont des tâches multiples à assumer.

Des traits de lumière successifs lui fixent les objectifs à atteindre et les formes de service adaptées aux situations. L’ampleur de son action apostolique, qui tient « de l’audace et du génie », trouve son explication dans le leitmotiv qui figure en tête de ses nombreuses lettres : « La Sainte Volonté de Dieu ». Elle n’a pas voulu autre chose dans sa vie.

En avance sur son temps, Mère Javouhey a travaillé de toutes ses forces à la promotion humaine et chrétienne de « la race noire », selon le langage de l’époque. D’emblée, elle croit à la possibilité d’un clergé local. Aussi fait-elle préparer au sacerdoce les trois premiers prêtres sénégalais ordonnés en 1840, à Paris. En 1846, elle donne l’habit religieux à une jeune antillaise, ancienne esclave, qui vécut et mourut religieuse à Castrie (Ile sainte Lucie, mer des Caraïbes). Qui, alors, aurait pensé construire des communautés internationales de religieuses si différentes par l’origine et la culture ? Intuition prophétique des Eglises locales, signes visibles de l’universalité de l’Eglise.

A partir de 1817, Mère Javouhey envoie ses « filles » aux quatre coins du monde, malgré les vicissitudes de l’histoire. A cause de la primauté donnée dans son action, à l’évangélisation des terres lointaines, Pie XI lui a décerné le titre de « première femme missionnaire ». Mais sous cette appellation se cache une réalité plus profonde : a la lumière de l’Evangile et sous l’emprise de l’Esprit, Mère Javouhey a compris que Dieu aime tous les hommes, sans distinction de race, de culture, de religion et de condition sociale ; que leur dignité doit être reconnue, leurs droits défendus. D’instinct, elle allait vers les plus démunis, sans pour autant délaisser les autres : c’était sa conviction profonde. Ce fut sa règle de conduite à l’égard de tous ceux que les événements plaçaient sur sa route.

En 1872, sur l’appel de l’abbé Marzin, les sœurs de Saint Joseph de Cluny sont arrivées à Briec de l’Odet ; en 147 années, de nombreuses jeunes filles du pays Glazick ont rejoint la Congrégation, sont allées parfois au-delà des mers, pour toute leur vie. Beaucoup de religieuses ont vécu et œuvré parmi vous ; elles ont aimé cette terre.  Le charisme d’Anne Marie s’est enraciné en pays Glazick, à travers chacune des sœurs passées à la communauté, et ce charisme s’est enrichi de votre culture ; ce charisme vivant est aujourd’hui porté par d’autres qui ont déjà pris le relai, dans la confiance réciproque.

Anne Marie a encore des choses à nous dire, au présent, aujourd’hui ; que son souffle nous fasse écrire, à notre tour, l’histoire d’amour de Dieu pour tout homme.