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Unité des chrétiens

 

 

Apprenez à faire le bien,
recherchez la justice

(Ésaïe 1,17)

 

 

 

 

 

Du 18 au 25 janvier, comme chaque année, nous sommes invités à vivre la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens.

 

L'Evangile de ce dimanche nous rappelle que le Christ, au début de sa prédication, s'est associé des disciples, Simon et André, Jacques et Jean, et la suite du récit nous donnera le nom des douze. Paul dans sa lettre à l'eglise qui est à Corinthe, mentionne que dès le début de l'Eglise, les communautés se querellent en se réclamant de l'un ou de l'autre des apôtres ou associés : "Moi j'appartiens à Paul, moi j'appartiens à Appollos, moi j'appartiens à Pierre, moi j'appartiens au Christ... Le Christ est-il donc donc divisé ?" s'enflamme Paul !

On ne sait pas davantage quels sont les différents entre ces factions, sinon qu'Appollos était associé à la mission de Paul, et que ce dernier s'est trouvé en opposition avec Pierre, par rapport aux règles juives à imposer ou non aux chrétiens issus du paganisme.

Les enjeux peuvent être véritables, mais ils doivent alors être traités en justice et en dialogue. Ce sera l'occasion de ce que l'on appelle le "Concile de Jérusalem". Mais en aucun cas, ces différents ne doivent entretenir des situations d'exclusions mutuelles.

 

Au cours d'un voyage, la semaine dernière à Paris, quelques prêtres du diocèse avec notre évêque, nous avons eu l'occasion de visiter au Mémorial de la Shoah, l'exposition "À la grâce de Dieu», les Églises et la Shoah.  On s'aperçoit, au cours de cette exposition, que les diverses églises catholique, réformées (particulièrement en Allemagne), ou orthodoxe, vivront chacune des tensions internes dans leur positionnement  face à l'idéologie nazie, et vis à vis des exactions commises, notamment la persécution des populations juives.

On pourra noter que c'est dans les mouvements de résistances, et aussi dans les camps de déportation, que des religieux, prêtres ou pasteurs, créeront les prémices de ce qu'on appellera par la suite le mouvement œcuménique.

 

On s'aperçoit également, que parmi les conseillers du pape Pie XII, les plus sensibles à la question juive, et en contact avec les églises séparées, deux hommes deviendront pape à sa suite, Roncalli, futur Jean XXIII, et Montini, futur Paul VI, pasteurs artisans du dialogue œcuménique et du dialogue interreligieux avec les juifs. 

   

Ceci peut sembler relever de l'histoire. Pas tout à fait de l'histoire ancienne, mais sans rapport avec notre actualité. Comment pouvons nous vivre notre unité en tant que chrétiens afin d’apporter une réponse aux maux et injustices de notre temps ? 

 

Nous pourrions, sur la paroisse Sainte Anne de Châteaulin, ne pas nous sentir "concernés" par cette dimension ecclésiale de l'œcuménisme, c'est à dire le dialogue entre églises chrétiennes séparées. Si l'on regarde à l'ouest, du côté de Crozon, il a des ministres de l'Eglise orthodoxe, à l'Est sur Carhaix, une communauté de l'Eglise évangélique, au nord et au sud, à Brest et à Quimper, l'Eglise Réformée de France... Mais sur la paroisse Sainte Anne de Châteaulin, pas d'autre église que l'Eglise catholique en communion avec l'évêque de Rome. Quand aux autres catholiques, qui à l'occasion demandent de célébrer dans nos lieux de cultes, refusant le Concile Vatican II et notamment le décret sur l'œcuménisme, il n'y a aucun dialogue possible !

 

Cependant, chacun de nous, dans sa vie chrétienne, son attachement à la communion en Eglise, est invité à recevoir cet appel à la conversion. Dans nos relations d'amitié, de travail, de famille, il nous est donné de rencontrer, de partager des temps d'amitié ou d'activité associative avec des chrétiens d'autres confessions. Parfois cela peut susciter des controverses sur des sujets qui peuvent sembler d'un autre âge ; parfois, comme l'actualité douloureuse nous le rappelle, il est plus difficile d'avoir un dialogue avec un orthodoxe qui se réclame du Patriarche de Moscou, faire valoir de Poutine.

 

Je vous avais mentionné il y a a quelques temps, dans un billet, l'intervention de Madame Irène Frachon, médecin connue pour son combat contre les laboratoires Servier et son produit, le Médiator, cause de trop nombreux décès. Je l'avais sollicitée pour une célébration avec les scouts,  Dans son témoignage, elle se situait non seulement comme médecin, mais aussi en raison de sa foi chrétienne, appartenant à l'Eglise Réformée. Elle reprenait dans ses propos, ce qui est chanté dans le psaume de ce dimanche "Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais je crainte ?

Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais je ?" Dans son combat pour la justice et la vérité, cette Parole de l'Ecriture, et aussi cet appel du Christ "N'ayez pas peur" était ce qui lui redonnait confiance et courage.
Il m'a été donné également, de vivre des temps de célébration œcuménique à l'occasion de jumelage entre commune du Finistère (Plouguerneau) et commune d'Allemagne (Edingen-Neckarhausen. En raison du climat de laïcité, sans doute sommes nous timides, catholiques français, à promouvoir ces liens ? 

 

Autant de pistes à explorer, à soutenir...


Dans ces combats partagés, dans ce compagnonnage en humanité, nous sommes convoqués à l'unité : "Qu'ils soient un, comme toi et moi nous sommes un" dit le Christ dans sa prière au Père !  

 

Christian Le Borgne, curé