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Le diable dans le bénitier !

calvaire de Pleyben - démon s'emparant de l'âme du mauvais larron

 

Une paroissienne, en proie sans doute à quelques démons, me faisait le reproche suivant : "Vous, vous ne croyez pas au diable !".
Avec l'humour que vous me connaissez,  je lui ai répondu ceci :
"Non, je ne crois pas au diable ! Je crois en Dieu le Père, en Jésus le Fils et en l'Esprit Saint ; au diable et à ses œuvres, j'y renonce ! C'est ce que nous disons dans le credo du baptême !"

 

C'est une erreur que de nier l'existence du mal et de celui qui en est à l'origine, mais il est une erreur plus grave, celle d'être tétanisé par la peur et l'angoisse générées par son évocation. Le Christ est vainqueur du mal et de la mort ; la Bible elle même commence par le récit qui nous dit la promesse d'une femme qui piétinera le serpent à la tête, et s'achève par le récit de l'Apocalypse, vision grandiose ou l'Accusateur est rejeté, terrassé ! Donc, rien à craindre, "même pas peur !".

 

Ceci étant dit, il n'en demeure pas moins que le mal est une réalité, et que la Bible l'évoque de bien des manières. L'Evangile de ce dimanche ne nous présente t'il pas Jésus en prise avec un démon dans la synagogue de Capharnaüm ? Le premier dimanche de carême n'entendons nous pas le récit de Jésus tenté par Satan ? L'Evangile n'a pas été écrit pour susciter la peur, mais nous apprendre à déjouer les pièges du tentateur, en sachant le démasquer et le reléguer à sa juste place. "Va de retro Satanas !"

 

Une des appellations de l'esprit du mal est "Prince du mensonge" (Jn 8,44). Au sens biblique, le mensonge n'est pas seulement ce qui s'oppose à la vérité, c'est à dire à l'exactitude des faits, mais vérité se disant en hébreu "Amen", le mensonge dit le refus de répondre à l'appel de Dieu.

Ainsi dans le récit de ce dimanche, le démon manipule l'information en dévoilant l'identité de Jésus, "Tu es le Saint de Dieu !", mais en suscitant la peur et l'angoisse "Es-tu venu pour nous perdre ?".

C'est là sa première tactique, associer le vrai et le faux afin de troubler, de détourner, d'empêcher l'œuvre de Dieu, réalisée en Jésus, venu non pour condamner mais pour sauver. 

De fait, ce ne sont pas les auditeurs qui ont à craindre d'être perdus, mais les forces du mal qui voient d'un mauvais œil l'issu du combat !

 

C'est avec beaucoup de finesse et même d'humour que la Bible nomme ce père du mensonge ; on peut énumérer quelques appellations :
- Satan, mot hébreu signifiant "l'adversaire", "le tentateur" ; il est celui qui détourne de la mission, qui pousse à la faute. 
- le Diable, en grec "le diviseur" ; il est celui qui vient séparer, mettre en opposition, mettre à mal la communion. 
- Beelzebuth, dans le pays de Canaan « Seigneur des ordures » ou «Seigneur des mouches ». Tout ce que nous considérons un jour comme désirable et qui le lendemain finit dans les poubelles ; pire encore, celui qui provoque les hécatombes et laisse derrière lui les cadavres... La dénomination est proche de celle de Mammon, le Dieu des richesses.

- les démons, ce terme est utilisé pour signaler toute forme de mal indéterminé, qui ne relève pas de la volonté de Dieu, mais dont Dieu est annoncé, au terme, comme vainqueur. 

 

Les prêtres ont reçu mission, et quelques-uns particulièrement comme mission diocésaine, de formuler des "exorcismes". Comme le précise le site de l'Eglise de France "L’exorciste a pour mission d’accueillir des personnes en souffrance qui se pensent victimes de maléfices ou se sentent sous l’emprise du diable, il les écoute et discerne avec elles l’origine de leur mal-être, prie avec elles..."

 

Comme vous le voyez, nommer le mal permet d'en saisir la réalité pour ne pas être sujet de ses pièges. Je ne vais pas reprendre la liste en illustrant ce que sa donne au quotidien, "le père du mensonge", "le diviseur," "le dieu des poubelles", "les mauvais esprits"... Ce n'est pas dans les films à sensation comme "L'exorciste", mais dans l'actualité du monde et l'actualité locale que nous trouvons trace de ses réalités, hélas !

Retenons que celui qui est présenté comme l'adversaire de Dieu n'a aucune emprise sur le Christ. C'est par la prière qu'il nous est donné de lui résister, particulièrement en cette demande du Notre Père : "Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre nous du mal".

 

Christian Le Borgne, curé